C'est assez amusant (et humble) que le titre vienne d'un autre auteur, Charles Juliet, maître de la littérature d'introspection.
Le livre repose sur trois axes qui s'articulent ensemble et semblent être alternativement la cause et la conséquences les uns des autres : la relation avec son père, malade, qui lui annonce sa mort imminente, son rapport à l'amour et sa dépression.
Panayotis Pascot arrive parfois à délivrer des images puissantes par leur justesse (ce petit espace qui subsiste entre notre doigt et celui reflété dans le miroir quand il le touche, représentant l'impossibilité d'être tout à fait sincère avec soi et ses émotions), par leur force (cette rage contenue du père devant le fait divers du Grêlé qui s'en prend aux enfants, façon pudique de témoigner son amour pour les siens), par leur simplicité (les timides tentatives du père pour créer du lien, notamment la scène de la planche à clouer).
Cependant, tout en croyant parfaitement à la sincérité de l'auteur et de ses sentiments, j'ai parfois eu l'impression d'une forme d'artificialité dans l'écriture, une certaine volonté de paraître plus que de dire. Cela se ressent à travers certains propos un peu éculés (la mort est de gauche parce qu'elle frappe sans distinction, "coeur vide, couilles pleines") et certaines formulations "théâtrales" qui concluent les chapitres de façon très sentencieuses (tout ce parallèle entre le danseur dont le corps occupe le vide alors que dans son cas c'est le vide qui occupe son corps...). J'ai aussi l'impression que Panayotis Pascot se met souvent en scène en train d'écrire son propre livre, comme pour chercher une forme d'approbation, de légitimité en tant qu'auteur, plus que pour nous en faire sentir le processus créatif.
Nul doute qu'en épurant un peu son style et qu'en gagnant une forme de "confiance littéraire" (le succès de son livre aidera, c'est certain), il se posera comme un des auteurs à suivre ces prochaines années.