La prophétie des oiseaux est une dystopie gentillette, qui aborde néanmoins des thèmes intéressants, notamment les questions de la désinformation de masse ou des immigrés climatiques. D'ailleurs ces sujets sont au cœur du récit, mais leur traitement reste parfois naïf. Au final, ce qui nous est présenté semble n'avoir été effleuré que superficiellement, nous laissant un goût d'inachevé à la fin de ce premier tome.
Ces problèmes sont essentiellement dus au personnage principal, Flavia, 16 ans, qui focalise toute la narration (ou presque). Celle-ci réagit systématiquement dans l'excès, comme à fleur de peau, et témoigne en parallèle d'une candeur affligeante (et parfois difficile à croire) qui s'affirme davantage au fil du récit. On a le sentiment que le personnage perd en maturité, pour ne devenir qu'une bécasse un peu mièvre qui se laisse porter par des événements qui la dépassent.
On regrettera également le développement des autres personnages, sans substances ou trop archétypaux, ainsi que des dialogues dont on se passerait bien tant ils sonnent creux. C'est dommage, car le style de Montardre est agréable, simple et pourtant délié, prenant le temps de présenter les situations sans pour autant perdre en rythme. Les descriptions fonctionnent bien, en seulement quelques mots et analogies pertinentes, qui permettent au lecteur de se figurer aisément ce dont on lui parle. Ces bons éléments font regretter d'autant plus le manque de relief des personnages.
Pour finir, il s'agit d'un bon roman pour adolescents, qui leur permettra de se poser quelques questions judicieuses sur l'état de notre monde, tout en proposant un texte agréable. Le lecteur averti, quant à lui, devra refréner ses pulsions, et faire fi de ces quelques éléments parfois agaçants, dont ce sentimentalisme débordant lorsque Flavia rencontre Chris.