Il était une fois un Roi des contes du nom de Hans-Christian Andersen. Il avait pour enfants, une multitude de merveilleux contes de son invention : le vilain petit canard, la petite sirène, le petit soldat de plomb, la petite fille aux allumettes, la bergère et le ramoneur…parmi ses enfants se distinguait la solitaire Reine des neiges. Non moins belle que les autres, elle était pourtant mise à l’écart de ses frères et sœurs. La raison était simple : sa taille - ou plutôt sa longueur - l’empêchait d’entrer dans les recueils de contes consacrés à son père. Son destin changea brutalement le jour où elle rencontra une souris à quatre doigts logeant entre la Floride et un château à Marne-la-Vallée. Mickey, car tel était son nom, était pour certains un brillant magicien, pour d’autres, un dangereux apprenti sorcier. D’un coup de baguette 3D, il transfigura la Reine des Neiges. Cette créature de lettres devint animée de couleurs chatoyantes, sonorisée de musique criarde. The Reine des neiges revisited devint la plus convoitée, la plus populaire de ses soeurs, volant même la vedette à la star de la fratrie (la Petite Sirène bien sûr). Mais à quel prix?

Car tout en elle fut changée : lui apparurent une soeur, un bonhomme de neige, disparurent la moitié de ses personnages et des rebondissements. Elle conserva son titre (en français du moins), une quête vers le nord polaire et une morale disney-compatible: l’amour sauve. D’abord heureuse de cette transformation elle fut bientôt envahie d’une irrésistible nostalgie de son ancien-soi. Oui elle s’était perdue. Comment se retrouver?

La légende disait qu’il suffisait d’éteindre la téloche et ouvrir un livre pour faire renaître la beauté originelle du conte. S’en suivi une quête éperdue au fond d’une librairie puis d’une bibliothèque, une lutte sans merci contre les démoniaques, les traitresses, les horribles adaptations en « livre » de la version Disney. Tout semblait perdu: nous étions cernés par des barbies chantantes d’Elsa et des peluches Olaf. Ensevelis sous les cahiers de coloriages Anna, corsetés dans une robe en plastique bleu ciel, piétiné par une version grandeur nature du renne. Quand tout à coup, derrière un rayonnage poussiéreux de livres d’occasion, entre « Reims en 3 jours, le guide ultime » et « Revivre après une trépanation »: elle apparût. Dans sa modeste mais charmante édition folio jeunesse. Elle était là, intact, ses douces pages s’offrant à la caresse de nos yeux. La reine des neiges était retrouvée, libérée, délivrée.

Boebis
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le 7 févr. 2024

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