Amis des classiques, bonsoir.
Je doute qu'à part quelques lycées égarés (aux professeurs téméraires pour conseiller une telle lecture sans craindre les foudres de parents puritains), un autre public ne se trouve ici, à lire cette critique. Pourtant, La Religieuse de Diderot fait partie de ces classiques poussiéreux à tort. On y trouve tout ce qui fait vibrer dans les séries TV : du sexe, de la violence, des retournements de situation improbables...
Diderot raconte donc, sous couvert d'instruire sur les pratiques horrifiantes des couvents, mais non une pointe de perversité et de voyeurisme qui fait tout le sel du récit, les déboires d'une jeune femme rentrée dans l'ordre malgré elle. La jeune et jolie Suzanne est envoyée dans un premier couvent où, à cause de ses charmes, elle devient le souffre-douleur. Le récit se montre profus dans la description des sévices subis par la jeune fille. Elle se retrouve ensuite dans un autre couvent où son joli minois attise le désir de la lubrique supérieure qui en fait sa favorite, sorte de mignon de cette cour. Mais Suzanne est aussi belle que pure et refuse les avances, quoiqu'en étant toujours sur le fil de la tentation.
Bref, voilà de quoi se délecter, ce dont Diderot ne se prive pas, tout en soutenant un puissant discours anti-clérical d'une efficacité redoutable. Un roman passionnant, dans lequel on entre facilement, bien loin des clichés d'ennui et de longueur qui pèsent sur les "classiques".