L'Aude à la rencontre !

Lors d'une belle nuit étoilée, je me saisis de cet ouvrage offert par une amie sans aucune attente particulière. Immédiatement, au bout de quelques pages, je ressentis la même vitalité à travers ces lignes que j'ai pu rencontrer lors de grandes lectures telles que Nietzsche, Dostoïevski... Bien évidemment, la plume de cet auteur n'égal pas ces géants, mais l'essence est identique. Divisé en trois grandes parties, tout au long de celles-ci, ce texte appelle son lecteur à sortir des sentiers battus et de faire sien l'aspect chaotique de la vie qui fait tout son charme !

Tout d'abord, nous assistons à une dissection minutieuse de tous les ressentis traversés par l'Homme lorsqu'il expérimente son altérité. Ici rien n'est inventé. Cependant, comme disait Nietzsche : "Pensées. - Les pensées sont les ombres de nos sensations - toujours plus sombres, plus vides, plus simples que celles-ci". Toutes les expériences évoquées sont déjà connues de tous, mais l'écrivain brille grâce à ses formulations qui s'efforcent d'illustrer avec le plus de précisions possibles ce que nous éprouvons au plus profond de notre âme. Le centre de toutes ces rencontres est le plongeon qu'elles nous offrent au-delà des connaissances que nous possédons sur nous-mêmes. Par exemple, l'écrivain nous montre les transformations du "je" suite au contact du monde du "tu" à travers la relation de Emilie du Châtelet et Voltaire ou bien les liens qui unissent Francesca et Robert dans le film : "Sur la route de Madison". A travers tous les visages que possède "la rencontre", l'humain apprend, sort de sa zone de confort et enlace le pathos, il embrasse la vie.

Ensuite l'auteur appelle ses lecteurs à adopter une posture favorisant ces aventures. Selon lui, à l'image du destin de l'Homme, les rencontres ne peuvent être entièrement anticipées. Malgré cela, il suggère d'agir d'une certaine manière se composant en trois grandes étapes dans le but de s'ouvrir à l'autre. La première, sortez de chez vous bordel ! Nous ne pouvons qu'être en accord avec ce postulat, nos contemporains ne cessent de clôturer leur propre voie. La peur de l'autre est toujours plus grandissante, donc nous nous enfonçons toujours davantage dans une routine rassurante dans notre vie quotidienne. Puis, nous avons droit à un "éloge de la disponibilité", il nous incite à donner plus d'importance à la frivolité. Il est nécessaire de s'extraire de l'état d'esprit du comptable, à la recherche d'une rentabilité parfaite ne comblant point les besoins de cet animal social. Laissez plus de place au hasard, et surtout, provoquez le ! Enfin, le conseil majeur de cet ouvrage : "Faites tomber le masque". L'image publique et l'altérité numérique que nous créons de nous-mêmes dévorent progressivement ce que nous sommes réellement. Cessez les calculs, les anticipations, les prévisions... et accordez un espace plus conséquent à la voix de vos instincts. Cette ère de la rationalité étrangle violemment tout ce qui gravite autour des passions. Auparavant, un juste équilibre était recherché entre ces deux aspects. Aujourd'hui, comme pour de nombreux sujets, c'est tout ou rien, la nuance se dissipe progressivement.

Maintenant, Charles Pépin nous invite dans le monde la philosophie, plus qu'une invitation, nous rencontrons. Plusieurs perceptions nous sont présentées de ce que représente cette "rencontre" aux yeux de grands noms tels que Freud, Sartre, Buber et tant d'autres.

En conclusion, ce livre nous renvoie à notre humanité la plus simple et souvent oubliée. L'homme moderne se montre fréquemment dégoûté de son propre environnement, il préfère s'émerveiller devant des fictions inatteignables. Cependant, ce qu'il ignore, ces aventures dévoilées dans ces fictions l'entourent constamment, il suffit seulement d'ouvrir ses yeux. Puis, à nouveau, la lumière fut dans la caverne.