La République est un livre bien plus abordable, et indiqué pour débuter en philosophie, que ce ce que l'on pourrait croire. A tel point que ce sont parfois les notes (de l'éditeur Flammarion) qui viennent compliquer la compréhension, en venant ajouter à la profusion d'idées et d'arguments.
Passée cette demi-surprise d'être en face d'un ouvrage intelligible mais tout de même exigeant (il ne faut pas rêver non plus cela reste de la philosophie... qui plus est de la philosophie ancienne !), l'on se prend à cette discussion ; qui au final n'a pas guère d'importance quant à sa forme (elle se déroule lors d'un dîner chez Céphale) et revêt dans le fond une apparence d'exposé de la part de Platon.
Certes il y a bien des intervenants (comme Glaucon et Adimante), des contradicteurs (Thrasymaque), et un personnage servant d'intermédiaire à Platon (Socrate) mais au final les premiers nommés ne font qu'approuver Socrate, le second n'apparaît qu'au début avant de disparaitre presque complètement du récit et le fameux Socrate semble un mandataire pour Platon, par lequel il peut envoyer quelques piques (relativement à la condamnation de ce dernier).
Le fond, venons-y, se révèle plutôt passionnant, en tout cas la plupart du temps. Platon aborde la grande question de la justice, sa nature, son utilité et la rétribution positive ou négative qu'elle peut engendrer. Cela nous amène bien entendu à la grande question du bonheur, et plus particulièrement du fameux bonheur du juste.
Les thèmes abordés sont donc intéressants, universels et encore d'époque. Notamment lorsque débute la grande phase d'imagination, de conception intellectuelle d'une cité "parfaite". Ainsi la partie décrivant la naissance et l'évolution de divers régimes politiques (Timocratie, oligarchie, démocratie, tyrannie), défectueux selon Platon, paraîtra encore d'actualité au lecteur d'aujourd'hui.
Malheureusement l'intérêt retombe trop souvent lorsque l'auteur rentre dans des détails qu'il juge, de manière subjective, importants d'aborder. L'éducation des gardiens, la communauté des gardiens puis des femmes se révèlent des sujets trop éloignés des thématiques de départ, formant une longue parenthèse que Socrate referme en se rendant compte lui-même s'être éloigné un peu trop des questions de justice et de bonheur.
De même les "attaques" envers la poésie et Homère (bien que Platon admirait ce dernier) constituent un pan du livre assez ennuyant et agaçant.
Et la conclusion peut aussi laisser sur sa fin de par son manque de réponses...
Mais au final cela semble logique lorsque l'on repense à la "construction" de cette cité idéale, vers laquelle on ne peut que tendre, que l'on ne peut réaliser concrètement.
C'est un message (parmi tant d'autres dans ce livre) que l'on peut retirer de La République : il est nécessaire de concevoir la perfection car même si l'on ne peut l'atteindre, on peut s'en rapprocher ostensiblement.