La République
7.4
La République

livre de Platon ()

La République est un livre bien plus abordable, et indiqué pour débuter en philosophie, que ce ce que l'on pourrait croire. A tel point que ce sont parfois les notes (de l'éditeur Flammarion) qui viennent compliquer la compréhension, en venant ajouter à la profusion d'idées et d'arguments.
Passée cette demi-surprise d'être en face d'un ouvrage intelligible mais tout de même exigeant (il ne faut pas rêver non plus cela reste de la philosophie... qui plus est de la philosophie ancienne !), l'on se prend à cette discussion ; qui au final n'a pas guère d'importance quant à sa forme (elle se déroule lors d'un dîner chez Céphale) et revêt dans le fond une apparence d'exposé de la part de Platon.
Certes il y a bien des intervenants (comme Glaucon et Adimante), des contradicteurs (Thrasymaque), et un personnage servant d'intermédiaire à Platon (Socrate) mais au final les premiers nommés ne font qu'approuver Socrate, le second n'apparaît qu'au début avant de disparaitre presque complètement du récit et le fameux Socrate semble un mandataire pour Platon, par lequel il peut envoyer quelques piques (relativement à la condamnation de ce dernier).

Le fond, venons-y, se révèle plutôt passionnant, en tout cas la plupart du temps. Platon aborde la grande question de la justice, sa nature, son utilité et la rétribution positive ou négative qu'elle peut engendrer. Cela nous amène bien entendu à la grande question du bonheur, et plus particulièrement du fameux bonheur du juste.
Les thèmes abordés sont donc intéressants, universels et encore d'époque. Notamment lorsque débute la grande phase d'imagination, de conception intellectuelle d'une cité "parfaite". Ainsi la partie décrivant la naissance et l'évolution de divers régimes politiques (Timocratie, oligarchie, démocratie, tyrannie), défectueux selon Platon, paraîtra encore d'actualité au lecteur d'aujourd'hui.

Malheureusement l'intérêt retombe trop souvent lorsque l'auteur rentre dans des détails qu'il juge, de manière subjective, importants d'aborder. L'éducation des gardiens, la communauté des gardiens puis des femmes se révèlent des sujets trop éloignés des thématiques de départ, formant une longue parenthèse que Socrate referme en se rendant compte lui-même s'être éloigné un peu trop des questions de justice et de bonheur.
De même les "attaques" envers la poésie et Homère (bien que Platon admirait ce dernier) constituent un pan du livre assez ennuyant et agaçant.
Et la conclusion peut aussi laisser sur sa fin de par son manque de réponses...

Mais au final cela semble logique lorsque l'on repense à la "construction" de cette cité idéale, vers laquelle on ne peut que tendre, que l'on ne peut réaliser concrètement.
C'est un message (parmi tant d'autres dans ce livre) que l'on peut retirer de La République : il est nécessaire de concevoir la perfection car même si l'on ne peut l'atteindre, on peut s'en rapprocher ostensiblement.
ngc111
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top philosophie, Mon top livres de 2011 et Les meilleurs livres de philosophie

Créée

le 2 juil. 2011

Critique lue 3.3K fois

21 j'aime

3 commentaires

ngc111

Écrit par

Critique lue 3.3K fois

21
3

D'autres avis sur La République

La République
mavhoc
10

La parole du maître

Si certains peuvent reprocher à La République sa longueur, rappelons nous qu'il s'agit de philosophie. Le but n'est pas le plaisir esthétique (anachronique comme concept, je sais) de la lecture d'un...

le 1 févr. 2014

8 j'aime

La République
-Valmont-
10

Immense et influent

Autant le dire, ce pavé de quelques 500 pages mérite d'être lu et surtout d'être relu. Relu ? Non que ce soit inabordable, bien au contraire, le style est admirable, les propos et la pensée...

le 27 août 2017

7 j'aime

La République
Nerlim
9

La République, un texte fondateur.

Platon, sans aucun doute l'un des auteurs qui a le plus apporté à la pensée occidentale. Je m'en suis véritablement rendu compte au fur et à mesure de ma lecture. L'on ressent effectivement que la...

le 25 août 2015

6 j'aime

Du même critique

La Pierre et le Sabre
ngc111
10

Critique de La Pierre et le Sabre par ngc111

Musashi, du nom d'un célèbre samouraï, est bien plus qu'un roman ; c'est un récit initiatique, un parcours auquel on assiste, et dans lequel chacun pourra puiser inspiration, force, et même, si cela...

le 13 avr. 2011

39 j'aime

6

District 9
ngc111
4

Critique de District 9 par ngc111

Toute la partie en forme de parabole sur la ségrégation raciale et communautaire est intéressante, on assiste presque mal à l'aise à l'étalage de la barbarie humaine avec une variété d'attaques qui...

le 15 janv. 2013

34 j'aime

2

Mémoires d'outre-tombe
ngc111
10

Critique de Mémoires d'outre-tombe par ngc111

Je suis finalement arrivé au bout des Mémoires d'outre-tombe. Cela aura été un plaisir quasi-permanent malgré l'importance de l'œuvre et sa densité. Des milliers de pages réparties en 42 livres,...

le 26 sept. 2010

33 j'aime

9