La Révolte - Hunger Games, tome 3 par ElCaracol
C'est là que l'histoire échappe aux clichés auxquels on s'attendait depuis le début. En tout cas, pour ma part, je m'attendais à ce que Katniss devienne un leader charismatique de la rébellion, et qu'elle finisse par se décider entre ses deux tourtereaux. En vérité, Katniss en rebelle est aussi convaincante qu'en amoureuse transie (c'est à dire même pas la nuit dans le brouillard) et en fait de choisir, elle se laisse surtout porter par les événements, en essayant d'avoir le moins de choix possible à faire.
C'est au moment où l'héroïne devrait s'élever dans les hautes sphères du symbole de la résistance qu'elle s'effondre comme une crêpe sur le pavé de la médiocrité. C'est à la fois décevant et carrément génial. Et plus on avance, plus ce second aspect prend le dessus. Katniss apparaît de plus en plus comme n'étant pas à la hauteur du rôle qu'on veut lui faire endosser ; un rôle d'ailleurs très artificiel, créé par des cameramans et des maquilleuses. Peu à peu, le livre s'éloigne d'une fin téléphonée, pour finir là où on ne s'y attendait pas vraiment, dans un dénouement amer avec tout juste un petit rayon d'espoir.
Alors, certes, Katniss nous pond des moments d'héroïsme pur, de classe ultime, etc. Toujours, remarquez-le, alors qu'elle vient de produire une prestation minable à la caméra. Ce petit jeu m'a amenée pendant la majeure partie du livre à attendre avec impatience ces passages, pendant lesquels Katniss allait avoir la classe de l'héroïne qui tire à l'arc. Parce que ça, c'est effectivement la classe.
Bref, le troisième tome des Hunger Games fait prendre à l'histoire une tournure bien plus dramatique, voire tragique, et du coup bien plus intéressante. L'héroïne est en galère du début à la fin, et la limite entre méchants du Capitole et gentils de la résistance perd de sa substance au fur et à mesure de l'histoire.
Un dernier point que je trouve génial dans ce tome, c'est Peeta. Son personnage passe de totalement niais et lassant dans les deux premiers tomes à ambivalent et super intéressant dans le troisième tome. D'amoureux transi, il devient un fou lobotomisé et terriblement lucide vis-à-vis de Katniss. C'est à dire environ 10 000 fois plus cool que dans les tomes précédents. Il fallait bien reconnaître qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour lui de regagner sa dignité perdue.
Bref, je fais partie de la génération qui a traversé les flots houleux de l'adolescence avec Harry Potter. Mais je n'aurais pas été fâchée de le faire avec cette trilogie des Hunger Games, qui est une excellente littérature jeunesse.