Une autre agriculture est possible...

Le sous-titre "Une introduction à l'agriculture sauvage" est un peu trompeur car il ne s'agit pas d'une introduction à l'agriculture naturelle au sens purement technique du terme. Ce n'est à proprement parler pas un guide pour débuter dans le domaine de l'agriculture "naturelle". Cet ouvrage se définit plus comme un retour d'expérience de la part de M.Fukuoka, ainsi que de multiples réflexions sur l'agriculture, les produits chimiques, la nourriture, la science et la nature.

En suivant ses explications sur l'agriculture sauvage, on comprend rapidement qu'il ne s'agit plus de simplement cultiver pour se nourrir. Celle-ci ne doit plus être la finalité mais doit se repositionner comme étant un moyen pour perfectionner l'homme. Il entend par là que l'acte même de cultiver nourris l'âme et la pensée de l'homme, en plus de la nourriture comme nécessité, et offre ainsi la possibilité d'entrer dans un état de plénitude. C'est donc par une symbiose de l'homme avec la nature que ce type d'agriculture peut fonctionner. C'est à dire qu'il estime que l'homme ne doit pas sans cesse lutter contre les forces de la nature mais se positionner dans un respect vis-à-vis de celle-ci. Il explique que l'agriculture sauvage est comprise lorsque nous cesserons de posséder la nature mais que nous adopterons une position de "receveur". Ici intervient une pratique taoïste qui est celle du "non-agir" que M.Fukuoka applique à l'agriculture. Il en expose les quatre principes fondamentaux, c'est à dire : ne pas labourer la terre, ne pas se servir de produits chimiques, ne pas désherber et ne plus dépendre des produits chimiques. Ainsi on décharge une certaine partie du travail à la nature.

J'ai finalement trouvé les détails techniques moins intéressants que les parties ou il expose ses conceptions théoriques/philosophiques ainsi que ses réflexions critiques sur la montée de l'agriculture industrielle au Japon. Le parcours de vie inhabituel M.Fukuoka qui démissionne de son poste de microbiologiste pour se consacrer entièrement à l'agriculture sauvage renforce ses engagements et démontre empiriquement qu'une autre agriculture est possible et souhaitable. Difficile de ne pas y adhérer !