Il s'agit ici du premier tome de la saga "la rivière Espérance" qui en compte deux autres "Le royaume du Fleuve" et "l'âme de la Vallée"
Un roman de terroir même si, en l'occurrence, il ne s'agit pas ici de terre mais d'eau …
La saga a été illustrée par une adaptation télévisuelle de Josée Dayan dont je parlerai une autre fois …
L'histoire débute en 1832 et se poursuivra tout au long du XIXème siècle. La Dordogne est utilisée par des bateliers pour descendre le merrain utilisé par les tonneliers bordelais et remonter des marchandises (du sel en particulier) vers le haut pays à l'aide de longs bateaux en bois appelés "gabares". On s'intéresse dans ce premier tome à la famille Donnadieu. Le chef de famille, Victorien, se bat sur de multiples fronts. D'abord la Dordogne qui est une rivière capricieuse où la navigation est loin d'un "long fleuve tranquille" du fait de son débit irrégulier, saisonnier et parfois tumultueux ainsi que des nombreuses difficultés de parcours. Mais il se bat aussi contre les marchands qui achètent le bois à leur prix, s'arrangent avec les acheteurs à Bordeaux et rognent les marges des bateliers. Éternelle question de savoir comment pouvoir se passer de cet échelon de marchands…
Le roman comporte une partie décrivant les difficultés et les risques de ce rude métier. Bien entendu, la rivière - nourricière - que les bateliers aiment par-dessus tout, ne fait pas toujours de cadeaux et réclame régulièrement son tribut d'hommes.
Comme toujours, Christian Signol va plus particulièrement s'intéresser à ces familles et va mettre en scène le jeune fils Sébastien qui, dès l'âge de treize ans, commence à travailler sur la gabare de son père. Avec Marie, son amie d'enfance, ils envisagent un avenir conforme à celui de leurs familles. Evidemment, le Destin, qu'on sait peu bienveillant, va se charger de perturber leurs vies. À l'instar de la navigation qui exige une attention soutenue contre les mille et un dangers, les faiblesses (humaines) d'un instant se paient cash. Le bonheur existe, peut-être, mais se mérite toujours. Heureusement que Signol, en romancier humaniste, veille au grain. Comme toujours.
Ce roman est assez inoubliable pour ses descriptions de la Dordogne qu'on peut retrouver intactes si, d'aventure, on va visiter cette magnifique région. Aujourd'hui, les seules gabares qui existent ne servent plus qu'à balader les touristes (tranquillement assis, eux) pour une petite croisière sur l'eau verte de cette Dordogne bordée d'épaisses frondaisons avec parfois quelques beaux châteaux qui dominent – pacifiquement – le fleuve…
À bientôt pour le tome 2 …