Lu juste après « Lettre d'une inconnue », « La Ruelle au clair de lune », nouvelle à la fois assez « zweigienne » et plutôt atypique, ne m'a pas totalement convaincu. Pourtant on ne peut pas écrire que ce soit très long, mais j'ai trouvé l'auteur parfois trop descriptif, notamment dans les décors, l'atmosphère, d'autant que je ne m'y suis jamais senti totalement immergé, mettant même un certain temps à comprendre que celle-ci se déroulait en... France ! L'écrivain est fidèle à son style : une narration à la première personne d'un personnage plutôt sympathique et intelligent, mais néanmoins un peu lâche et subissant considérablement les événements, sans pour autant que ces derniers m'intéressent particulièrement.
Il faut alors vraiment attendre la seconde partie pour que l'œuvre prenne tout son sens : le récit devient alors assez cruel, presque malsain, créant un réel trouble chez le lecteur au vu de ces protagonistes pathétiques tout en prenant soin de justifier, du moins d'expliquer, la raison de leur comportement. Il a beau être très critique de l'égoïsme et de la médiocrité humaine, Stefan Zweig fait toujours en sorte de comprendre chacun, de ne jamais les rendre totalement mauvais. Ces pages ne représentent qu'une toute petite moitié de la nouvelle, mais justifient en grande partie les longueurs et considérations certes pertinentes de l'auteur des lieux et mœurs « populaires », mais un peu répétitives et lassantes au bout d'un moment. Troublant et ne laissant donc clairement pas indifférent, tout en étant trop inégal pour séduire totalement.