Le héro-narrateur m'a rappelé celui de L'étranger d'Albert Camus ; il semble aussi apathique et on retrouve un certain genre de remarques désinvoltes, faussement naïves, qui créent un décalage comique avec la neutralité du reste du texte.
Il y a comme une tristesse inexprimée dans ce qui nous est raconté : le héro à l'air déprimé et, comparé à son état, le côté joyeux de sa femme sonne faux. On voit plus tard que leur relation est d'une morose banalité, mais il y a une tension sous-jacente qui va s'exprimer avec dureté dans une certaine scène de fléchettes, avant d'être dissimulée à nouveau et que tout reprenne son état, comme si de rien n'était. Ce court passage change la vision du lecteur pour le narrateur ; celui-ci parait renfermer plus de colère et d'amertume qu'on ne s'y attendait ; les évènements redeviennent sérieux l'espace d'un temps, avant de reprendre le ton détaché et décalé qui caractérise ce roman.
Au fond je me demande si, comme L'étranger, il ne s'agit pas d'une histoire sur l'absurdité de l'existence. le héro dirait que "rien n'a d'importance" que je n'en serais pas surpris ; et la situation à la fin imite celle du début, comme si de toute façon rien ne changeait. Je me demande d'ailleurs si la frustration du personnage principal vient du temps qui passe et le rapproche de la mort, comme il le déclare au début, ou de cette répétition de cycles.