Une réécriture de Cendrillon à la sauce "Occupation-double" durant cinq tomes. Ce n'est pas une dystopie, c'est une romance. Une romance très peu crédible, qui plus est, que je ne recommande pas du tout.
Dans un monde où les États-Unis aurait été sous contrôle japonais ( bien que ce ne soit plus le cas dans le livre) les ex-USA sont ont une monarchie avec des classes sociales par numéro. "America Singer" est chanteuse et fait parti des "5". Un jour, le prince, accessoirement l'homme le plus influent et riche du pays, propose une série télévisée pour choisir sa femme. America CHOISI de participer ( rien d'obligatoire, donc) et elle fait partie des 35 sélectionnées, parce que les filles qui se retrouvent au château pour quelques semaines ont des compensions pour leur famille. Et bien sur, quand elle voit le prince, tout change.
C'est véritablement la même histoire que Cendrillon, en ce sens où il est question d'une petite cruche qui séduit le prince avec sa beauté, mais sur fond de "Le Bachelor", émission bien réelle où un jeune homme riche et puissant se choisi une femme dans un reality-show. Ce roman n'a absolument rien de neuf à offrir. Le système de castes? Rien à voir avec Divergence ou Hunger Games, c'est le même système que l'Inde actuelle ou l'ancienne Angleterre, avec des castes sociales hiérarchisées et très étanches, mais bien moins pauvres qu'on tente de nous le faire croire. Et on en entendra à peine parler, pour être honnête. Il serait aussi temps que les Lecteurs arrêtent d’étiqueter tout ce qui contient le mot "classe sociale" dans "dystopie", parce que des classes sociales, il y en a dans chaque groupe d'humain depuis que l'humain est humain, ça n'a absolument rien de nouveau.
Dans un premier temps, je dois dire que je n'ai pas comprit où on voulait en venir avec cette histoire de "Sélection". Le peuple gronde de colère ( j'imagine qu'ils n'aiment pas les classes sociales étanches, mais on ne sait pas trop quels sont les enjeux sociaux réels) et la seule chose que les têtes couronnées trouvent à faire est de faire un "Le Bachelor" avec leur propre fils? Où est la logique? "On va diminuer la grogne populaire en les abrutissant devant leur Télé pendant un mois, ça devrait les calmer", c'est ce que j'ai cru comprendre. Mais ça n'a rien à voir avec l'outil de torture mental et psycho-social de Hunger games cette émission, c'est plutôt un show de boucane pour esprits mineurs. Et après le show, que fait-on? Parce que la grogne populaire est encore là je vous signale....
Dans un second temps, "l'héroïne" ( le mot est fort) America est une imbécile. Littéralement. Mit à part se plaindre de sa pauvre vie difficile, elle ne fait concrètement rien. Elle est une "5", mais ça ne l'empêche pas de manger à sa faim, d'être logée, blanchie, d'avoir un travail ( soit-dit en passant un travail de "chanteuse" que presque une vaste majorité dans le monde de personne souhaitent avoir) et même d'avoir une TV! Ah, mais "acheter un magazine est un luxe". J'ai des nouvelles pour toi, fille, C'EST un luxe. Tout ce qui n'est pas un produit essentiel devient un luxe.
Kiera Cass semble avoir un problème de conception quand à ce qui est 'misérable" ( le terme employé pour qualifier la situation des filles de ce show de boucane sentimental). On ne parle pas de famine, de vie dans la rue, d'oppression politique ou même de libre-arbitre. Ici, États-Unia Chanteuse mange trois fois par jours, jouit d'une maison, d'un train de vie confortable, de la possibilité d’exercer un métier, de manger du pop-corn devant un film chaque semaine ET ( et là c'est le comble de la bêtise) elle tente une fois encore de nous faire croire à sa "misérabilité" avec le fait que "quand ils en ont la "chance", ils s'offrent une femme de ménage...Sérieusement!? Alors non seulement vous êtes de sacrés plaignards, famille de Miss Dorémi, mais en plus vous êtes des fainéants? Parce que faire le ménage, il me semble, c'est un truc pas très compliqué que tous les groupes sociaux peuvent faire et je ne parle pas du LUXE énorme qu'est le fait de faire faire son ménage. Donc, en gros, Miss État-Unie-Nombril-du-monde est une petite bourgeoise capricieuse et pleurnicharde de la haute classe moyenne. Et je suis supposer compatir?
Et soit-dit en passant, dans le tome 2, cette histoire de donner un bijou ( qui ne lui appartient pas) à la princesse d'Italie pour qu'elle convole avec son coup de foudre irrationnel, ça s'appelle "un enjeu d'État", et bravo pour avoir risqué une crise diplomatique. Et cet imbécile de prince qui l'a choisie, malgré tout. C'est incompréhensible au plus haut degré. Mais bon, ce n'est pas comme si Cass avait quelque bases en politiques non plus.
Aussi, donner un coup de genou dans les royales testicules, c'est d'une affligeante stupidité et ce l'est encore plus quand cette petite idiote d'América se confond en justifications en prétendant "viser sa cuisse". Mais tu va te la fermer, oui! Tu viens de commettre un voie de fait sur ton hôte, tu aurais risquer la prison si tu ne vivais pas dans un royaume de Calinours ! Mais comme l'hôte en question a une cervelle de poisson rouge, il a préférer en rire. Non seulement il est stupide, il est donc aussi de ses hommes qui trouvent la colère féminine "mignonne". Merci, prince infantilisant et macho.
Nous avons donc une ado pleurnicharde, sans colonne, sans talents, sans cervelle et incapable de faire un choix entre deux mâles - car c'est bien le sujet de cette série - quel homme va choisir notre ado si "misérable". America est la typique adolescente jolie - mais-qui-ne-le-sait-pas, qui a le QI d'un concombre de mer et un QE de princesse Disney des années 30. Et qui va avoir tout ce qu'elle veut sans aucunes raisons logiques ou cohérentes. Je présume donc que c'est juste parce qu'elle est belle.
Cass tente de nous en faire un portrait de pureté gentille et modeste, mais c'est peu crédible et qui correspond à un très vieil archétype féminin valorisé autrefois, au siècle dernier. Soyons francs: aller passer quelques semaines dans un palace à ne rien faire d'autre que manger et s'amuser, ça n'a rien de bien méchant. Je ne vois même pas pourquoi America se plaint. Ah, parce qu'elle avait un copain. La belle affaire. Il l'a plaqué pour qu'elle ailles faire le show. Mais vous ignorez le plus beau: les filles peuvent dire NON, à la fin de ce "jeu". Et oui, ça na rien d'un jeu "cruel" où les filles deviennent des proies, elles ont leur libre-arbitre. Alors, pourquoi ne pas en profiter et puis revenir épouser son copain une fois la fête terminée? Ah oui...parce qu'America va tomber amoureuse du prince. Toute cette idée de "je le fais pour ma famille" est ridicule et cela contraste trop avec la nature égocentrique et pantouflarde de la protagonistes. La crédibilité psychologique est assez faible.
En tant que libraire, j'ai du mal à cerner ce qui a fait de ce roman monté sur des retailles d'autres œuvres et couvert du plus épais glaçage de bêtises un si franc succès. Son héroïne n'est ni intelligente, ni forte ni intéressante. Le message ambiant est le même que tous les autres: Soit belle et spéciale, tu verras tes rêves s’accomplir. Ce livre vend du rêve, le rêve d'une vie facile sans faire le moindre efforts et de devenir le trophée d'un homme riche, puissant et beau. L'écriture est basique. La couverture infantile. C'était le message véhiculé dans les histoires de princesse de Disney en 1940 avec Cendrillon, Blanche-Neige et Aurore. Alors, comment expliquer que ce message passe encore en 2020?
America n'est pas le seul heurt pour ma part, en plus du décor emprunté à d'autres œuvres: les autres personnages sont creux, pas plus brillants. Le prince ne se conduit ni en chef d'état, ni en homme mature. On dirait un enfant de 8 ans qui veut juste la plus belle fille de la cour de récré. On nous laisse présager un conflit civile qui ne viendra jamais, on nous parle de rebelles dont le seul représentant jamais rencontré est l'ex d'America. Tout ce qui aura pu constituer une base pour une uchronie ou une dystopie est inexistante. Il se ne dégage ni leçon de vie, ni enjeux sociaux, ni profondeur émotives. Concrètement, il ne se passe RIEN. On passe de statu quo à "statu quo avec poupée en robe de chiffon bleue sur le trône".
Au final, l'aspect romance perd complètement son charme, parce qu'il est évident que personne ne serait assez bête pour dire NON au gars le plus riche et le plus puissant au monde, surtout s'il est en plus beau, stupide, naïf et docile. Alors, dès le début, la fin ne fait pas de doute, même si la sauce s'étire sur trois tomes. Par ailleurs, et Occupation Double en est un parfait exemple: on ne forme pas des couples amoureux quand il y a un contexte de jeu en présence, pour la simple raison que l'argent, le statut et le fait de gagner prend le pas sur quelque sentiment que ce soit. L'appât du gain. Bien sur, Cass tente de nous convaincre qu'América gagne pour sa gentillesse ou un truc du genre, mais ça n'a rien de bien difficile quand les autres sont toutes de pimbêches avides de gloire et d'argent. America n’était pas la meilleure, seulement la moins pire. Et certainement pas le meilleur choix pour être Reine, avec son absence de culture générale, de conscience sociale, d'avis politique, de hobbies, d'opinion, de bon sens...en fait, ce serait plus simple de dire que ce personnage est un vase creux.
En somme, "La sélection" est devenu mon référentiel de médiocrité. C'est sa seule utilité pour ma part.Quand je dois critiquer un roman, je n'ai qu'à me demander si ses composantes sont aussi médiocres que celles de cette série. J'ai rarement eu autant l'impression qu'on prenait les filles pour des idiotes et cette croyance reste tenace quand je vois les commentaires élogieux sur son compte.
Et le tome 4 et 5 reprend le même manège, mais avec 30 hommes et une princesse au caractère détestable et puérile, résultat d'un couple de parent incapable de lui fournir l'éducation nécessaire à tout bon dirigeant. J'ai abandonné dans le tome 4, c'était devenu vraiment trop frustrant à lire.
C'est donc une suite longue de sentiments compliqués entre ados immatures, toutes invités - pas prisonnières - d'un château doré, dorlotées et vêtues de robes, à faire exactement ce que les gens d'occupation Double savent si bien faire: jouer les allumeuses/allumeurs et créer de la "bisbille". Ni plus, ni moins. Une incroyable perte de temps.
Vous aimez les princesses vraiment fortes et modernes, je vous suggère la série "Chroniques lunaires" de M.Meyer.
Vous aimez les réécritures de contes? Je vous suggère la série"L'école du bien et du mal" de S. Chainani et D'or et d'oreillers, de F.Vesco.
Et finalement, pour une vraie dystopie captivante:la série "Le Passeur", de L.Lowry et les classiques de la littérature adulte, qui ont au moins le bon goût de nous épargner des romances de collégiennes en pleine dictature.