Écrits à partir de 1922, les sept textes qui composent La soirée de Mrs Dalloway sont autant d’essais, de recherches qui conduisirent Virginia Woolf à trouver la solution narrative pour composer le roman dont elle rêvait.
J’ai pris un plaisir particulier à lire ces nouvelles, traduites par Nancy Huston, juste après Mrs Dalloway. Si la lecture commence comme un jeu des 7 erreurs avec la nouvelle Mrs Dalloway dans Bond Street - Mrs Dalloway va acheter des gants et non des fleurs, il n’y a pas d’avion dans le ciel de Londres, mais déjà les cercles de plomb de Big Ben se dissolvent dans l’air -, tous les textes suivants, qui se déroulent au fil de la fête donnée à la demeure des Dalloway, donnent l’impression d’être un observateur privilégié dans cette fameuse soirée que l’on découvre soumis une multiplicité de points de vue nouveaux. Mrs Dalloway y devient un personnage secondaire qui, le plus souvent, provoque les rencontres entre des personnages étrangers au roman.
Chaque texte se présente ainsi comme une plongée dans le flux de pensée de ces personnages, le plus souvent en proie à une certaine anxiété sociale ou à des questionnements qui resurgiront dans le roman (quelle conscience avoir de soi quand on perçoit la multiplicité des regards des autres ? Qu’est-ce qui nous permet d’avoir un avis arrêté sur chacun alors que rien n’est fixe dans nos êtres ?). Il n’y manque plus que la technique narrative complexe qui donne son unité au roman. Un passionnant complément qui permet d’entrer dans la fabrique littéraire de Virginia Woolf… Et d’avoir l’impression d’être, pour de bon, invité à la fête de Mrs Dalloway.