J'aime beaucoup le sujet tournant autour de la catastrophe de Tchernobyl. Je me souviens de l'excellent documentaire de France 2 qui reprenait évidemment l'incident mais surtout le rôle des liquidateurs et qui était intitulé La bataille de Tchernobyl. Ce film permettait également d'entendre les témoignages de certains qui étaient sur les lieux comme celui de Gorbatchev.
Mais finalement, on ne sait que très peu de chose de la souffrance des gens qui ont vécu aux alentours de la centrale, des épouses de liquidateurs, de personnes vivant encore dans la zone contaminée, des liquidateurs, des soldats et bien d'autres.
Le livre de Svetlana Alexievitch s'ouvre sur une interview choc et se clôturera de la même façon. Tchernobyl, c'est une guerre, aveugle et dont les ravages se faisaient sentir dix ans après la catastrophe (au moment de l'écriture du bouquin) et certainement encore aujourd'hui. Je pense que l'introduction et la conclusion du livre situent le niveau de souffrance des personnes contaminées sur place, devenant elles-même finalement de vrais réacteurs...
Le reste, ce sont des témoignages en nombre qui tentent à démontrer l'incompréhension autour de l'événement, l'impossibilité de mettre un nom ou de prendre conscience du malheur et du danger face à quelque chose que l'on ne voit pas. Tchernobyl, c'est toute une population, des milliers de personnes qui sont devenues des parias, ce sont des gens touchés encore aujourd'hui par les effets de la radiation, par les malformations et bien d'autres choses. Tchernobyl est une horreur indicible dont les mots des témoignages ne permettent finalement qu'à peine à comprendre l'ampleur.
La Supplication est surtout un livre qui témoigne de l'horreur mais surtout de la façon dont les gens touchés de près par Tchernobyl et ceux qui en subissent les conséquences aujourd'hui sont devenus comme une population à part, semblent être suspendus dans un espace-temps qui n'est plus celui du monde "normal".