Après avoir lu Germinal il y a quelques mois j’étais curieux de découvrir ce que notre cher Zola pouvait écrire sur nos paysans du second Empire. Etaient-ils aussi crasseux et pauvres ? Avaient-ils autant de haine vis-à-vis du capital que leurs homologues mineurs ?
Non, non et non, car ceux-ci sont à la fois l’incarnation des capitalistes et des prolétaires. C’est-à-dire qu’ils possèdent le capital en premier lieu - en l’occurrence la Terre, leur terre - mais celle-ci les bouffe, les divise, les entretue au point de les aliéner, de les posséder tel un minier du coron des Deux Cent Quarante face au Voreux.
Ce qui est particulièrement prenant dans La Terre c’est la guerre fratricide entre les membres de la famille Fouan, à partir du moment où le vieux décide de prendre sa retraite. Dans cette Terre fertile et plate, qu’est la Beauce, tous autant qu’ils sont paysans, ont l’appât du gain, de la possession, ils sont prêts à tout afin de posséder un tronçon de Terre supplémentaire qui augmenterait leur vaniteux ego. A l’image du cochon de Buteau, incestueux bonhomme prêt à tout pour posséder les deux cousines afin d’avoir toujours plus de Terre possible.
Zola montre ainsi dans La Terre une image noire des paysans du second Empire. Une image qui se symbolise par la débauche incestueuse, l’égoïsme carnassier de ces ploucs du bas monde qui ont pour seul intérêt commun de posséder à tout prix La Terre quitte à tuer des membres de leur famille.
Un Rougon-Macquart qui m'a beaucoup plu autant par ses descriptions épurées des conditions de vie de ce monde agricole d'une autre époque, que par l'analyse sociétale et critique des perspectives d'avenir de l'agriculture notamment, toujours chères à Zola.