Parisianisme, bobo, anti-provincial, en dehors de la réalité, autocentré, ce sont des mots, de nombreux adjectifs péjoratifs qui ont déferlé la chronique saison après saison sur la série 10 pour cent depuis sa sortie en 2015. Malgré ce côté certes déconnecté, en dehors des codes de la majorité, on ne le retient pas, on se prend au jeu de la vie de ces agents tout au long de ces 4 saisons avec beaucoup d’engouement et d’intérêt. Contrairement aux séries un peu « prout prout » qu’on a l’habitude de regarder sur le service public ou sur TF1, France 2 a sorti le grand jeu avec une idée originale, celle de faire une série sur les agents (ou les imprésarios à l’ancienne (coucou Arlette et Jean Gabin)) des comédiens. C’est dans le 1er arrondissement, à deux pas du Louvre que se passe principalement le fil de l’action, à ASK (Agence Samuel Ker), agence la plus réputée de Paris avec son féroce concurrent Star média. Durant ces 4 saisons on ne se doute pas qu’on va donc suivre des stars, leurs sautes d’humeurs, leurs problèmes, leur caractère parfois difficile… Mais aussi leur empathie, leur collaboration, leur sensibilité, leurs émois amoureux…
La grande surprise de cette série n’est pas forcément le casting de stars qui défilent à chaque épisode. C’est surtout la découverte d’un monde, un milieu, celui du showbiz, qu’on a beau avoir l’impression de connaitre à force de regarder des films et des séries celui-ci est fait de nombreux codes et rouages qu’on a tendance à oublier lorsqu’on regarde notre écran. Derrière notre écran, afin que la série, le film que nous regardons soit produit il y a une multitude de paramètres à prendre en compte, des petites mains, des complications de dernières minutes, des négociations de contrats parfois ardues, face auxquels l’agent doit faire face, protéger sa star, la mettre en confiance afin que celle-ci fasse dans les meilleures conditions son métier.
Outre ce bel hommage de la production cinématographique, ce qui est particulièrement intéressant dans la série est la psychologie des personnages principaux. Il y a l’agent quinqua, froid et besogneux, rigide qui a l’air de dégager une impassibilité face au pire malheur du monde, alors que derrière cette carcasse d’homme infaillible se cache des problèmes de famille, des problèmes à dire tout simplement « Je t’aime », malgré sa réputation de pointure dans son milieu. Il y a l’agent complètement opposé, jeune trentenaire, jugé trop mielleux, trop gentil par ses pairs dans ce milieu de requins, qui a peur de blesser, de décevoir, qui doute beaucoup de sa relation avec les femmes. L’agente cash, parfois trop sincère qui n’a pas forcément sa langue dans sa poche, qui n’hésite pas à user de ses charmes, de mentir pour arriver à ses fins mais qui malgré tout est dépassée par les évènements qui se chevauchent entre sa vie sentimentale et professionnelle. L’imprésario âgée, la doyenne, qui est là depuis le début de l’aventure, qui joue le plus souvent la nounou réconfortante de ses collègues tout en apaisant parfois les tensions souvent houleuses dans l’agence.
Mais 10 pour cent c’est aussi la mise en lumière des assistants, des secrétaires, ceux qui font le sale boulot dans l’ombre afin que leur supérieur travaille dans les meilleures conditions avec leurs comédiens. Parmi eux il y a la jeune comédienne qui rêve de réussir dans le cinéma, mais qui gère l’intendance de l’agence afin de pouvoir se nourrir et se loger, avant d’un jour peut-être espérer mieux. La débrouillarde et audacieuse provençale qui sans diplôme, sans carnet d’adresse monte à Paris afin de travailler dans les hautes sphères du cinéma. Le jeune assistant euphorique et maladroit qui n’en rate pas une. Enfin il y a l’assistante expérimentée et joviale qui ne se voit pas faire autre chose que les tâches difficiles que lui confèrent son supérieur qu’elle réalise avec méthode et bonne humeur.
En somme avec des têtes d’affiches à chaque épisode, un très bon casting pour nous faire découvrir les rouages du monde du cinéma avec de plus un scénario bien huilé 10 pour cent est une bien belle surprise que je n’hésiterai pas à regarder de nouveau avec engouement.