Année après année, je constate avec soulagement, que la créativité française en terme de série tv n'est pas tout à fait en berne. Même si la découverte du saint Graal remonte à la dernière décennie, merci Arthur Astier, d'autres épopées ont su entrer dans la légende PAFturienne. Des productions comme Lazy company, Hero corp, P'tit Quiquin ou, dans une moindre mesure, Fais pas ci, fais pas ça, ont laissé s'exprimer des auteurs que l'on devinait moins muselés par des producteurs avides d'encarts publicitaires.
Cette longue introduction en guise de justificatif pour introduire « Dix pour cent » dans cette famille restreinte où le divertissement et l'intelligence se côtoient sans coïter. Dans cette courte série, seulement 6 épisodes, on suit les pérégrinations des agents d'acteur de la société ASK et de leurs satellites. Créée par Fanny Herrero, on compte dans les rangs des producteurs un certain Dominique Besnehard et Cédric Klapish à la caméra. Au delà de l'originalité du sujet encore jamais traité sur petit écran, la série joue avec la curiosité du cinéphile en lui proposant de voir évoluer des acteurs connus et reconnus dans leur propre rôle. Une des forces la série est d'avoir le culot de désacraliser les acteurs en les exposant dans leur vie privée. Évidement, ont devine que cette intimité est romancée, qu'elle tutoie la fiction, mais il y a toujours une idée inscrite en creux qui dévoile un pan de la vie d'un acteur. Audrey Fleurot, accaparée par ses 2 jeunes enfants doit pourtant préparer un nouveau rôle, La relation mère-fille mis à l'épreuve quand Natalie Baye et Laura Smet se retrouve sur le même projet, les liaisons dangereuses entre Joey Starr et Julie Gayet ou encore François Berléand confronté à un jeune metteur en scène avant-gardiste. Les situations sont toujours renouvelées, ludiques et jamais gratuites. On sent que leurs sources puisent dans des anecdotes d'acteurs et autres secrets de tournages. A la vue de Dix pour cent le plaisir du cinéphile ne serra jamais asséché.
Que serait une série sur les acteurs sans acteurs ? Si les guest jouent parfaitement le jeu, le casting qui endosse les rôles de l'agence ASK est assurément de qualité. Louvoyant gracieusement de la comédie au drame, la distribution est hétéroclite et parvient à faire vivre un microcosme cohérent. Les rôles peuvent paraître caricaturaux mais ils permettent de développer plusieurs angles d'observation sur le monde occulte des agents d'acteur. Malgré le nombre restreint d'épisodes, la marge de progression conséquente permet de creuser les personnages et donne au spectateur une joyeuse alternative au spectacle déjà offert par les guest. En plus d'afficher une identité propre, Dix pour cent peut se vanter de varier les registres, n'exposant jamais le spectateur au souffle de l'ennui. La qualité d'écriture est au rendez-vous, les acteurs puisant avec envie dans cette matière afin d'offrir un jeu envolé, déclencheur d'autant de rires que de larmes.
Dix pour cent est un nouveau vent frais qui souffle sur la production française. Consciente de ses limites, la série se concentre sur ce qu'elle sait faire, exploitant ses talents sans s'élever jusqu'à la prétention. Sa modestie ne la détourne en rien de l'ambition, ses auteurs, amoureux du cinéma, dévoilent un envers du décor qui ressemble à s'y méprendre à nos quotidiens. Les acteurs ne sont-ils pas des êtres humains comme les autres ?