out commence sur un quai de gare, durant l'hiver 1941, en Espagne. Isabel, épouse d'un phalangiste proche de Franco, est arrêtée alors qu'elle s'apprêtait à fuir au Portugal. Et se termine quarante ans plus tard, par la mort d'une brillante avocate, Maria, rongée par une tumeur au cerveau, quelques jours après le coup d'Etat avorté de février 1981. Quel est le lien entre ces deux événements ? Car il y en forcément un… mais je ne vous en dirais pas plus. A vous de lire, de creuser, de découvrir et je vous garantis que vous ne serez pas déçus.
Victor del Arbol va nous entraîner en seulement 350 pages, ce qui est remarquable, dans l'histoire de l'Espagne sur près de quarante ans. Une Espagne des années de plomb, celle de Franco, de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à la tentative de putsch du 23 février 1981.
Mais l'aspect historique n'est qu'un prétexte, ce qui est important à l'auteur est l'histoire de trois familles, trois générations toutes liées à un drame initial par un écheveau de fils complexes, arachnéens. L'ouragan qui couve va pouvoir se déchaîner au fil du temps et des lieux, de la fin de la guerre civile espagnole aux premières années balbutiantes de l'après Franco, de l'Estrémadure aux quartiers chics de Barcelone, d'un village perdu des Pyrénées aux plages cossues de la Costa Brava. Les protagonistes de cette histoire dans l'Histoire se retrouvent ballottés, écartelés, victimes et bourreaux dans une même danse macabre, mortuaire et mortifère.
Enfin et surtout, La Tristesse du samouraï emprunte à l'Hagakure, le livre "sacré" des samouraïs. Honneur, famille, vengeance, sens du sacrifice, courage, allégeance, toutes les valeurs du bushido traversent ce roman, le transpercent de part en part.
C'est un livre beau et triste, profondément mélancolique, violent dans la force des sentiments qu'il évoque, qu'il invoque. Funèbre aussi : les vivants et les morts ne cessent de se télescoper, marionnettes entre les mains d'un manipulateur fou et malsain.