Skreta, c'est un de mes personnages préférés tout univers confondu
Je ne lis pas beaucoup de livres, c'est un problème auquel je tente de remédier, à mon rythme. J'avais déjà lu du Kundera et je savais que j'aimais bien. Je ne m'attendais donc pas à quelque chose de mauvais. Mais je pensais que ce serait juste un petit bouquin comme ça sans plus, que j'avais déjà lu ses meilleurs.
En ayant eu fini le premier chapitre je me suis dit: waw c'est pas mal y a un jeu de points de vue entre deux personnages, et l'histoire promet d'être sympathique. Jusque là ma côte était de 7/10. Le deuxième chapitre maintient le niveau. Puis le troisième chapitre surprend; je me suis senti trahi car j'ai eu l'impression que l'auteur se disait en cours de route, "ho tiens et si je racontais autre chose finalement". Ma côte est redescendue entre 5 et 6. Et puis, arrivé au chapitre 4, j'ai compris... j'ai compris que Kundera était un génie. Et aussitôt ma côte est remontée à 10. Enfin, le dénouement du dernier chapitre, avec une petite chute de rythme avant le climax final. Le livre reste excellent, mais par son inégalité sur toute la durée, je ne puis me résoudre à noter le 10/10.
Pour être un peu plus explicite, le génie de Kundera c'est de multiplier les points de vue sans pour autant stagner dans la narration. Le récit avance un peu à la Citizen Kane où ce sont des personnages qui viennent apporter leurs propres pièces du puzzle. La psychologie est très bien construite et sonne tellement juste, vraie. Il est impossible de ne pas pouvoir se rattacher à au moins un des personnages. Car toutes leurs pensées nouss ont révélées avec une étonnante simplicité. Tout le monde a eu ce genre de pensées légères et pourtant graves. En plus, Kundera nous donne toutes les clefs de comprhéension des raisonnements de chacun. Il démontre bien qu'il n'y pas une vérité, mais des vérités. C'est beau. C'est triste. Ca fait rire, mais au fond, ça donne envie de pleurer.
Car ce contraste entre la légèreté et la gravité, toujours propre à cet auteur des pays de l'Est, donne toujours une curieuse sensation à son lecteur. On aborde des thèmes graves, mais Kundera nous le propose sous l'angle de l'humour, ce qui fait passer ses messages plus facilement. Et quant à la résolution, Kundera ne choisit pas le plus simple. Il reste honnête, simple, peut être un peu megalo dans le rôle du Dieu orchestrant son petit monde, mais sincère.
J'ai toutefois eu du mal avec le style d'écriture un peu rigide du début. Ses tournures de phrases me rappelaient mon cours de français. Après un chapitre je m'y suis habitué. Peut-être est ce parceque je ne lis pas souvent? Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas du Bukowski.
Enfin ce titre, sublime, résumant à merveille la méthode ludique d'écriture de l'écrivain. D'ailleurs j'ai choisi quel serait le prochain livre que je lirai, le titre est tout aussi beau, c'est par le même auteur : "La vie est ailleurs".