Si tu pensais que les romans étaient soit des thrillers bien ficelés, soit des tranches de vie pleines de poésie, La Variante chilienne de Pierre Raufast est là pour te prouver qu’on peut mélanger les deux… et y ajouter une pincée de génie narratif.
L’histoire commence avec un narrateur un peu paumé qui décide de s’exiler dans un coin paumé (logique). Là, il rencontre Pascal, un vieux bonhomme à la mémoire trouée façon puzzle, qui a un talent bien particulier : chaque fois qu’il se rappelle un bout de son passé, il sort une anecdote aussi improbable que fascinante. Et comme le mec a vécu pas mal de trucs (ou du moins, il les raconte très bien), on plonge dans un récit en gigogne, où chaque souvenir en entraîne un autre, façon conteur du dimanche sous LSD.
Le gros point fort ? C’est brillant et fluide. Raufast maîtrise l’art du récit enchâssé comme un champion d’échecs qui aligne les coups stratégiques. Les histoires dans l’histoire s’imbriquent avec une aisance bluffante, et chaque anecdote est plus surprenante que la précédente. Entre humour, nostalgie et réflexion sur la mémoire et le destin, le roman se dévore avec un plaisir presque coupable.
Le hic ? Si tu es du genre à aimer les intrigues linéaires bien cadrées, tu risques d’être un peu perdu. C’est un livre qui se déguste plus qu’il ne se suit, et parfois, on pourrait se demander où l’auteur veut nous emmener… avant de se rendre compte qu’on s’en fiche, parce que c’est trop bien raconté.
Bref, La Variante chilienne, c’est un roman ludique, malin, bourré d’histoires incroyables et de personnages qui donnent envie de les écouter toute la nuit. Une pépite d’originalité à savourer… et qui donne furieusement envie de rejouer aux échecs (même si on est nul).