La vita non è così bella
Pas si facile d'être élue "plus belle femme du monde". Maria Cristina Palma en fait tous les jours l'amère expérience. Elle, l'épouse du Président du Conseil italien, ex-mannequin à la beauté...
le 16 janv. 2024
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Depuis Comme Dieu le veut et surtout La fête du siècle, ses lecteurs le savent, Niccolò Ammaniti a la plume allègrement féroce pour décrire le monde moderne dans toute son absurdité, quitte à instiller dans ses livres quelques gouttes de provocation. Un peu à la manière d'un Ruben Östlund, au cinéma, et tant pis si les estomacs délicats digèrent mal son sens de la satire un brin corrosive. De ce point de vue, La vie intime marque un certain assagissement de l'auteur romain, mais son roman n'en reste pas moins délectable, riche en péripéties qui relèvent du tragi-comique. Le récit s'étend sur un peu moins d'une semaine, autour de la vie de l'épouse du président du Conseil italien, par ailleurs ancien mannequin et élue quelque temps plus tôt "la femme la plus belle du monde." Mais la susdite, prénommée Maria Cristina, a bien conscience qu'elle n'est qu'une femme-trophée, qui a pour principal office d'être splendide et de se taire. La vie intime est l'histoire d'un éveil et d'une quête, au départ peu clairs pour notre héroïne, le temps qu'elle ait le courage de se libérer de cet environnement anesthésiant. Tout en ne la quittant pas d'une semelle, ou plutôt d'un talon haut, Ammaniti radiographie avec son acuité habituelle notre société obsédée par l'image et soumise à l'arbitraire des réseaux sociaux. Le romancier, qui s'amuse en quelques apartés avec le lecteur, ne fait pas de cadeau à Maria Cristina, quelque peu paranoïaque, futile et vaniteuse, mais lui accorde des circonstances atténuantes, eu égard à son passé marqué par des deuils successifs. Insensiblement, il en fait un être certes perfectible et soumis qui va enfin, peut-être, cesser de jouer un rôle de potiche ou de ravissante idiote, si l'on préfère. Cette tendresse pour son personnage principal, qu'il met à nu progressivement, compte autant dans le plaisir pris au livre que son talent d'observateur caustique de nos mœurs contemporaines, le tout dans un impeccable style très visuel qui a valu à plusieurs de ses romans d'être adaptés à l'écran (L'été où j'ai grandi, Como Dio comanda, Moi et toi).
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le 17 févr. 2024
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