Je ne crois pas qu’il faut trop comparer la Vie mensongère des adultes à l’Amie prodigieuse.Certes, la narratrice du roman est une adolescente découvrant la vraie identité de ses parents, renouant avec la famille paternelle qu’on lui avait occulté et décidant de s’écouter malgré tout.Il y aurait chez Giovanna un prolongement de Lila ( de l’Amie Prodigieuse) sauf que sa colère envers la gente masculine et son expérimentation charnelle est plus décrite, moins suggérée. La façon que Giovanna a de questionner la vie, ses rapports « « familiaux »( envers son père, sa mère, sa tante et ses amies) et de faire le yoyo entre ses états d’âme demande au lecteur de se mettre dans ses pas, de ne pas trop dédaigner son humeur adolescente.C’est la façon dont vous entrevoyez la narration que vous apprécierez ou serez vite saoulés par le parcours de Giovanna.Ce que j’ai aimé ici, c’est la façon qu’à Elena Ferrante de ne pas meubler avec du temporel ( vous apprenez tout juste que Giovanna utilise des jetons de téléphone, ce qui ne dit presque rien sur l’époque du récit) car elle tient à ce que le lecteur soit concerné par l’action en cours, l’enjeu psychologique des scènes avancées.Roman à priori féminin, La Vie mensongère des adultes scrute aussi les rapports hommes/femmes, la notion d’emprise ( à travers la tante Vittoria) mais aussi la convoitise ( voir l’approche de Giovanna sur Roberto,homme qui s’ennuierait avec une jeune femme insignifiante, car pas assez intellectuelle). Chez Ferrante, rien n’est jamais gratuit et beaucoup de mouvements sont motivés.Avec un nouveau personnage féminin très contrasté, la romancière italienne réussit la prouesse de se réinventer après l’Amie Prodigieuse.Chapeau!