Dehors, des trombes d'eau, sans fin
La Zone, c'est un roman qui a la férocité des orages. Qui vibre par tous les pores. Qui vibre de toutes ses convictions anarchistes, de tous ses combats libertaires, de toute l'énergie de sa langue déliée. Le tonnerre sourd chapitre après chapitre, paragraphe après paragraphe, chaque mot chaque silence sont de longs grondements contre une société apathique, hypercontrôlée et il est vrai que les actions d'éclats ont des allures d'éclairs libératueurs... Mais comme le sentiment, un peu déçu, que l'intensité va en diminuant - malgré des scènes grandioses. Si l'on est emporté par la rhétorique, si l'on est admiratif du verbe, les personnages, l'histoire, ne nous emportent plus : trop pareils, trop faibles pour être crédibles, trop chétifs pour soutenir la colère inextinguible qui irrigue le cœur de la Volte. Trop de facilités. Reconnaissons aussi qu'une prétention trop appuyée aura pu faire fuir quelques lecteurs... Malgré tout, ce premier roman reste pour moi une admirable diatribo-fiction qui pousse à réfléchir - et ça, ma foi, ce n'est quand même pas rien.