Suite à une guerre bactériologique, la Terre est devenue inhospitalière. Une partie des humains ont fui et se sont implantés dans le système solaire. La première colonie, Cerclon I, s'est établi sur un satellite de Saturne. Son régime démocratique à forte tendance sécuritaire a donné l'exemple du modèle à suivre pour le reste des colonies. Pourtant la révolte, ou plutôt la "Volte" gronde...

Même si l'intrigue est censée se dérouler 2084, les références à nos systèmes actuels sont omniprésentes. Alain Damasio met au pilori nos socio-démocraties ronronnantes et sécuritaires. Il présente froidement les arguments des dirigeants qui prétendent satisfaire la masse, en se référant constamment aux statistiques d'opinion, en surveillant en permanence ses citoyens, en les hiérarchisant, en les classant tous les deux ans d'après des critères communs. Roman d'anticipation non manichéen. qui s'attaque avant tout à la politique, il exalte la révolution anarchiste, le retour au contact direct, la suppression de la monnaie, tout en montrant les excès et les déboires d'une telle conception.

Ouvrage conçu en forum, les narrateurs changent, passant du président au métallo. Le focus est mis sur les leaders de la Volte, et notamment sur Capt, professeur d'université beau-parleur et charismatique. Grâce à ses personnages, l'auteur confronte les points de vue et les motivations de chacun. Le lecteur appréhende ainsi les différents courants, qu'il soit utopiste ou pragmatique. C'est indéniablement un roman riche en émotion, où l'on s'offusque dans un chapitre de la naïveté des protagonistes, et dans le suivant on frémit en reconnaissant les dogmes de la real politique pratiquées massivement.

Pour un livre de science-fiction, genre qui ne brille pas spécialement par sa qualité formelle, je dois dire que j'ai été agréablement surpris par l'écriture. Lyrique, pour ne pas dire poétique, Alain Damasio ose et impose son style. J'ai dévoré le bouquin, quelques idées demeurent dans ce remue-méninge littéraire, la fin est jouissive, et même si c'est un peu long, c'est du bon.
Llywel
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le 11 mai 2014

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