En lisant ce livre, il faut penser à Charles Juliet critique d'art. Son minimalisme, sa lumière, il les doit à la peinture.
Le style est sobre, parfois lapidaire. La retenue même du narrateur ne rend le récit que plus émouvant. Juliet se passe du grand renfort de l'emphase et du drame, et leur préfère l'ellipse, autrement plus efficace.
Les procédés employés sont assez intéressants: le recours à la seconde personne, intime et distanciée à la fois; l'autobiographie en creux, par le biais de la biographie. Le dialogue avec les morts. Ses Gravitations à lui.
La vocation de l'écrivain naît dans cette urgence de dire l'existence qui fut, de retrouver les morts, de leur prêter une voix.
Seule la fin m'a un peu déçu. J'aurais espéré moins de facilité. Lambeaux n'en reste pas moins un beau roman dont on efface difficilement la marque.