L'Ora et la passion du théâtre

(Si vous avez pigé la référence du titre de cette critique, vous êtes un bon. Non, rien en rapport avec le théâtre dans ce qui va suivre, c'était juste pour la blague. Je sais, c'est minable, mais j'en suis fière.)

Comme d'autres ici, je suis déception.

Je ne suis pas déception parce-qu'il s'agit du premier roman à suspens de notre Monsieur Chattam (car une dose d'indulgence de notre part, à nous lecteurs, est donc de mise).

Je suis déception en très, trèèès grande partie parce-que les personnages qu'on suit le plus sont censés être des adolescents découvrant des choses pas ordinaires.

Or, pendant TOUT le roman, j'étais face à des enfants de 10 ans, pas devant des adolescents de 15 ans. Ils ont tous ou presque des comportement clairement infantiles (des bons points pour Meredith, Gregor et Eveanna cependant, dont deux d'entre eux sont vraiment de moindre importance, et dont l'autre a juste à peine plus de temps d'antenne, si j'ose dire). A 15 ans, si certes on ne commence qu'à peine à appréhender le concept de maturité, on est en revanche assez loin du gamin de 6ème qu'on a été 5 ans avant au collège.

Rien que ça m'a empêchée de trouver leurs actions et paroles cohérentes avec leur âge tel que décrit, et donc de leur accorder une quelconque crédibilité (et je parle bien ici des personnages en tant qu'êtres de plume, pas de leur caractère ni personnalité à chacun). Par contre, leur état à la fin de l'histoire, après toutes leurs aventures, les rapprochent plus de l'âge qu'ils sont censé avoir. A la fin, oui. Ce qui est... pas mal dommage.

Tout sonnait si faux (pour moi en tout cas) qu'une fois arrivée vers la moitié du livre, j'ai certainement sauté environ 100 pages en tout, et c'est loin d'être dans mes habitudes. C'était comme si un-cinquième du bouquin ne servait à rien d'autre qu'à me rappeler que je lisais des mots qui formaient un récit, au lieu de me garder dedans et de me laisser visualiser les bouilles des jeunots, leurs peurs, leurs réactions.

Pour ce qui est du gros méchant pas beau agrou-grou, je reste réservée. C'est... C'est un méchant, oui. Il n'a rien de spécial. C'est exactement le stéréotype du méchant : ses yeux disent "agrou-grou, je suis méchant", sa tronche dit "agrou-grou, je suis méchant", ses ambitions sont méchantes agrou-grou, même son manteau hurle la méchanceté.
Je me serais attendue à un poil plus d'originalité venant du Chattam, quand même. Je me serais attendue à un personnage plus nuancé, ou en tout cas avec quelque chose de vraiment unique par rapport au méchant générique.

Autant le stéréotype poussé au max sur le style vestimentaire fonctionne bien sur un perso secondaire (coucou Ezekiel), autant sur l'antagoniste principal (étant donné que cette fois, c'est pas juste vestimentaire), c'est... trop. Beaucoup trop.

On passe du clin d'oeil au lecteur qui, lors de la première rencontre avec Zeke, se retrouve dans la même position que le sherif en se demandant "mais ce mec est un rigolo ou...?", à la lourdeur de trois Zach en chaleur quand Korn montre dès son apparition que c'est lui le méchant, lui là, luiiiii, ici, lààà.

Pour ce qui est du reste, à savoir l'histoire (les trucs pas normaux, l'Ora et ses bébêtes transparentes) et les autres personnages (le sherif et ses comparses, les méchants agrou-grou, les ancê... vieilles personnes)...

Bin en fait, ça m'a plu. Oui oui, pour de vrai. Redonnez aux ados un comportement adéquat et il m'aurait moins déçue, ce premier ouvrage. C'est pas le meilleur du monde, c'est pas l'un des meilleurs du Chattam, mais c'est un divertissement. Et quand je lis, bah je cherche le divertissement (sauf cas exceptionnel où je cherche consciemment à me culturer).

4/10 est donc une note assez sévère en effet. On pourrait dire que si c'est juste les ados-enfants et le méchant stéréotypé qui me gênent, y a pas de raison d'être aussi dure.

Il n'y en aurait pas si le temps d'antenne (encore) de la petite bande ne constituait pas l'écrasante majorité du récit. Or, c'est le cas.

Donc ma frustration et ma déception ont pris le dessus sur le plaisir du reste.

Je suis quand même contente de l'avoir lue, hein. Ne serait-ce que pour les bébêtes de deux mètres de haut et pour l'Ogre.

C'est mes chouchous, on n'y touche pas.

ON N'Y TOUCHE PAS.