Le Banquet
7.4
Le Banquet

livre de Platon ()

Bon, Socrate et Aristodème sont invités à bouffer chez leur copain Agathon, en compagnie d’autres potes. Pas une gonzesse à l’horizon : la soirée s’annonce bien. Ils décident de pas trop picoler (un peu quand même) d’autant que certains sont encore bourrés de la veille. Après une pinte de cognac et cinq ou six canettes la discussion se met à tourner autour de l’amour. Chacun doit prendre la parole A SON TOUR et exprimer son opinion sur cet épineux sujet : c’est hyper cadré chez les Grecs, moins bordélique et braillard que chez les latinos.


Pour le premier, le top pour un homme est d’avoir un amant. Et une armée faite d’amants serait invincible car aucun des hommes ne serait lâche et mauvais guerrier, pour ne pas se taper la honte aux yeux de son amant. Bon, moyen.


Le deuxième à prendre la parole, son truc, c’est d’opposer l’amour céleste, qui se pratique entre hommes, qui est amour à la fois du corps et de l’esprit, à l’amour populaire, qui se pratique entre personnes de sexes opposés dans un but uniquement sexuel. Pas très clair et sectaire, le garçon, d’autant qu’il vient d’attaquer son 2ème litron.


Au tour de Jack le boiteux : pour lui l’amour est une puissance universelle, un rassembleur universel. Tout le monde applaudit. Faut dire qu’il cause bien.


Pour le quatrième convive, nous sommes tous d’ex-androgynes coupés en deux par un Zeus très mécontent de nos ambitions d’humains alors que, dans le fond, nous ne sommes que de misérables larves, s’agirait pas de l’oublier. Depuis ce jour on fait moins les malins, chacun regrettant l’unité originelle et cherchant sa moitié.


Au tour d’Agathon, le patron, et il décide de pas trop se faire iech : pour lui l’amour est le plus beau des Dieux fuyant vieillesse et désirant jeunesse. Sans blague ?


Socrate, qui s’était endormi depuis une bonne 1/2 heure, ouvre un oeil bovin, baille un bon coup, se gratte sous sa toge (tâchée), et explique à l’honorable assemblée, avec son air de ne pas y toucher qu’on lui connait, que toutes ces éloges ne valent pas une roupie de sansonnet. Il trouve même que ses potes ont bien ramolli avec l’âge. Il est comme ça Socrate. Il est comme ça et il est fort, d’ailleurs à chaque fois qu’il me parle je suis systématiquement d’accord avec lui. Pas vous ?


Il se ressert un godet et le voilà qu’il se met à leur parler d’une de ses potes, Diotime, qui sait, elle, ce qu’est vraiment l’amour. Mais attention, Diotime, ça rigole pas. Même Socrate passerait pour un philosophe de prisunic à côté d’elle. Socrate est à Diotime ce que Christine Angot est à Honoré de Balzac. Socrate la joue modeste et expédie l’affaire : d’abord, l’amour est amour d’un beau corps. C’est la 1ère étape. L’étape minable. Puis l’amour comprend que la beauté d’un corps se retrouve dans d’autres, aussi il devient amour des beaux corps (au pluriel). Un peu moins minable. L’amour se tourne ensuite vers quelque chose de plus spirituel : il devient amour des belles âmes. Puis il s’oriente vers ce qui confère de la beauté aux âmes : le savoir, pur, étincelant. Il devient amour du savoir, et par ricochet, amour de la beauté absolue. C’est l’effet d’échelons. Diotime 1 Socrate 0.


"Tu es merveilleux Socrate


Oui, je sais."


Mis en mort subite et dégoûtés, les convives quittent le banquet, soit pour aller se coucher, soit pour s’achever à la bière tiède. Depuis ce jour ils n’osent plus se regarder dans une glace. Il y en a même un qui serait devenu député, paraît-il.

-Valmont-
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le 8 oct. 2017

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