Frank Meier, juif autrichien né en 1884, décide de quitter sa vie miséreuse fin du 19ème siècle pour s'exiler à New-York où il apprend son métier de barman.
Il gravit les échelons de la réussite sociale et se fait un nom dans le milieu.
Il rentre à Paris en 1907, ouvre un bar américain qui installe sa réputation reconnue mondialement, il écrit même un bouquin de recettes de cocktails.
Il va combattre aux côtés des français pendant la première guerre mondiale et obtient la nationalité française en 1921 pour son engagement militaire.
1921 est aussi l'année où il entre au Ritz, établissement prestigieux, vitrine
de la France joyeuse, polissonne et libertine.
Une revanche pour cet homme simple, énigmatique, silencieux, il occupe un poste d'observations retranché derrière le comptoir de son bar.
Il s'invente une vie arrachée de ses racines.
Il va côtoyer comme spectateur l'élite parisienne et les grands noms du monde artistique de l'entre deux guerres, Fitzgerald, Guitry, Coco Chanel...
En 1939, à 55 ans, il est au sommet de sa gloire, son rêve accompli dans le Paris des fêtes et du raffinement.
Arrive 1940 et les envahisseurs allemands, certains privilégiés restent fidèles au Ritz (resté ouvert pendant l'occupation) et se mêlent aux conquérants, les officiers et SS de la Wehrmacht.
Face à ce monde qui bascule, comment va réagir Frank Meier ??
Le sujet du roman-témoignage de P.Collin se déroule dans un lieu qui semble bien frivole face aux chaos de la guerre.
C'est loin d'être le cas tant l'auteur est passionnant dans son art de raconter.
Une écriture fluide faite de courts chapitres qui entraînent le lecteur.
Haletant et palpitant.
Les évènements et les révélations de l'Histoire, inconnus à l'époque, se succèdent pour le plus grand plaisir de la lecture.
Les derniers témoins disparus, les écrivains prennent le relais pour témoigner de la petite histoire du deuxième conflit le plus meurtrier du 20ème siècle.
A lire aussi :
"Le nom sur le mur" de le Tellier et
"La pouponnière d'Himmler" de C. de Mulder.
En terminant ce livre, on ne peut se demander :
Qu'aurions-nous fait !?
Une question sans réponse.