Ça faisait un bail que je n'avais pas lu un Stephen King récent. Avec une bibliographie aussi imposante on a toujours un ancien bouquin du maître que l'on a pas encore lu et je vivais sur mes stocks depuis belle lurette.
Celui là on me l'a offert et je dois dire que je n'en remercierai jamais assez l'intéressée. C'est un excellent cru : 20 récits assez raisonnables en longueur mais surtout 18 véritables nouvelles et 2 très courtes bizarreries sans intérêt pour moi (un poème et un méli mélo post soixante-huitard sous lsd). Le reste par contre relève grosso modo du génie.
On lui reproche d'écrire au kilomètre et de s'écouter parler des centaines de pages durant pour camoufler une intrigue mal ficelée. Sur certains de ses livres ce n'est pas faux (je ne suis pas fan de "l'histoire de Lisey") mais personnellement j'aime le Stephen King qui prend son temps pour présenter ses personnages et son contexte. Il a un indéniable talent de conteur pour installer une atmosphère et c'est encore plus visible au sein d'un recueil de nouvelles où l'exercice est le même en version ultra concise. King excelle dans chacune de ces 18 nouvelles à mener sa barque en quelques pages et le lecteur se laisse porter sur les eaux troubles de son imagination. Les récits partent souvent du quotidien le plus banal et l'on se dit que ça nous rappelle tel roman précédent ou telle situation déjà lue ailleurs... mais l'auteur sait y faire pour nous entraîner quand même, même quand le sujet traité nous indiffère complétement (à ce titre la nouvelle sur le baseball est édifiante).
Enfin, Stephen King dans ses oeuvres a souvent accordé quelques pages à ses lecteurs avec qui il communique directement à travers une préface ou une postface. Ces paragraphes sont souvent informatifs et passionnants sur le sujet du livre. J'apprécie particuliérement cette démarche et au fil du temps en suis devenu fan. Dans son ouvrage "Ecriture" il ne s'agissait que de ça sur des centaines de pages. Quel pied ! Ici, chaque nouvelle est précédée d'une introduction d'une page environ qui explique les circonstances de la rédaction, ce qui l'a motivé, la source de son inspiration... un vrai plus me semble-t-il qui éclaire parfois le récit mais qui toujours donne envie de se plonger dans la nouvelle suivante. On y apprend en particulier que lors de sa visite officielle à Paris il y a quelques années, un coup d'oeil furtif dans les embouteillages de la capitale lui a donné l'idée d'un de ces récits dont la conclusion est pour le moins dérangeante. D'ailleurs, passez votre chemin si vous aimez les happy end car ce livre n'est pas pour vous.
Bonne lecture !