Une lecture paisible et rude à la fois, où l'on suit Benedikt, accompagné de son chien Leo et de son bélier Roc, compagnons silencieux mais incarnés, dans les steppes et les monts d'Islande. Sous les tempêtes de décembre, le trio évolue patiemment, dans l'unique but de retrouver (et sauver) des brebis égarées que plus personne ne cherche, comme un pèlerinage renouvelé chaque année.
C'est une lecture qui ne raconte rien mais qui dit beaucoup, avec l'évocation extrêmement belle d'une quête qu'on s'impose à soi-même, sans explication emphatiques. Benedikt au cœur simple, veut ramener ses moutons égarés au bercail, contre toutes les mises en garde des villageois qu'il croise, malgré le blizzard et les abris de fortune, la peur de manquer de nourriture ou de mourir de froid... il évolue dans la droite lignée de ce que lui demande son cœur. Leo et Roc sont omniprésents, partageant repas et couches avec Benedikt, et donnent à cette fable une portée naturaliste incroyablement subtile.
Sans jamais l'écrire mais par petites touches, on ressent l'immensité sauvage du pays, la petitesse du vivant qui se fraie un chemin hasardeux... pour un but qui semble futile à certains mais qui est en réalité sublime d'humanité. Ça n'est pas dans la lecture qu'on prend du plaisir, mais dans la méditation qui s'en suit quand on le referme. Plus j'y pense, et plus j'aime ce court récit !