Ecrit pendant la guerre, un roman de Simenon qui démarre très fort avec deux premiers chapitres immédiatement accrocheurs : un univers bourgeois et provincial parfaitement décrit, un anti-héros qu'on aime détester, et un début d'intrigue policière percutant.
Hélas, l'ensemble ira plutôt en se dégradant, puisque la trame narrative restera à l'état embryonnaire, et l'évolution du personnage sera assez discrète. Simenon préfère se concentrer sur la description des sensations de ce personnage cynique en fin de parcours, et sur l'évocation des ambiances des divers lieux traversés (le Cintra, le caboulot de Maria, la maison Gancel...).
On constate aussi certaines maladresses dans la construction narrative (le suicide "programmé" d'un ami du neveu), inhabituelle chez l'écrivain liégeois, dont le style gagnera en fluidité avec les années.
Quant au dénouement, il se révèle à la fois déceptif et parfaitement immoral.
Néanmoins, comme tout roman de Simenon, "Le bilan Malétras" reste une lecture enrichissante, par sa manière de susciter la réflexion en interrogeant la nature humaine - avec toujours des personnages secondaires intrigants (Eugénie, Joseph, Gancel, Hermine...).