DEAD MEN TELL NO TALES
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Le rire est un formidable adoucissant. On entend régulièrement parler des « feel good movies», ces films sans façon ni prétention qui remontent un peu le moral en deux temps trois mouvements. Leur pendant serait des « fell good books », des livres qui, de la même manière, adoucissent par les rires et sourires qu'ils provoquent grisaille et mélancolie du train-train quotidien. L'avantage des livres est de pouvoir les transporter partout avec soi afin de les ouvrir entre deux moments pénibles de la journée ou de relire un passage apaisant n'importe quand.
Le Blues du braqueur de banque est un de ces livres qui nous font nous sentir bien, un livre drôle, entraînant, légèrement cynique, bouffon, bon enfant.
Le narrateur, le braqueur de banque du titre, nous fait l'éloge en trois parties, exposition – description des personnages, dénouement – de Max, conseiller politique génial. Ce narrateur, d'abord à la manière d'un prologue puis d'un chœur durant le récit, nous l'apprend dès les premières pages : Max a tué son meilleur ami, Tom, premier ministre danois. C'est regrettable, se retrouver avec un cadavre sur les bras est embarrassant, d'autant plus lorsqu'une jeune scout aux grands yeux bleus fourre son nez dans ce qui ne la regarde pas. Curieusement, Flemming Jensen parvient à rendre la situation très drôle.
Deux courtes citations donneront une idée de l'humour du Blues du braqueur de banque :
« Le narrateur de ce livre – c'est-à-dire moi – doit bien avouer qu'il n'est pas un grand fan du changement. Dans mon domaine, c'est une vraie plaie. On a imaginé un plan, on s'est donné de la peine – parfois la réussite d'un plan est aussi soumise à des frais personnels importants – et quand enfin on se trouve devant le coffre-fort de la banque, le code a été changé ! (…) Et on reste là avec ses talents inutiles. C'est un situation malheureuse et professionnellement très frustrante. Il est donc assez compréhensible que je sursaute au simple mot « changement ». Tant qu'on y est, vous devez savoir que c'est avez beaucoup d'amertume que j'ai noté que le mot « ressources », importé du français, doit maintenant s'écrire sans le o ! Je sais que la prononciation danoise est la même, mais quand même ! » (p.51, chapitre 6)
« C'est le mot « jockey » qui m'a fait monter sur mes grands cheveux. Il n'y a aucun problème avec ce mot, il s'écrit comme il s'écrit, simplement parce qu'il est anglais – tout va bien ! Mais dans ce cas, pourquoi le si charmant mot français « ressources » devrait-il être traîné dans la boue ? Ressurces ! Je sais, j'en ai déjà parlé, mais c'est vraiment de la folie. Est-ce que ce pauvre cheval finira par être obligé de balader un djokki ? » (p.67, chapitre 7)
Enfin, pour sa première définition du mot cynique le CNRTL propose la citation suivante, dont le jeu de mot charmant rappelle la couverture du livre :
Des chiens naviguaient là-dedans comme chez eux. Un roquet, tout cynique, ce qui est assez naturel, allait faire ses besoins sous leur nez.
(Montherlant, Bestiaires,1926)
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le 3 oct. 2017
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