Nous sommes au Japon, au XIIe siècle. Katsuro, le mari de Miyuki, exerce un métier honorable mais dangereux : il capture les plus belles carpes de la rivière Kusagawa destinées à garnir les bassins de la cité impériale. Ce métier est rentable uniquement si l'on se charge à la fois de la capture des poissons et de leur acheminement jusqu'aux temples. Quand on sait que les 3/4 des billets à ordre reçus en paiement de ce travail reviennent au village et représentent l'essentiel des subsides dont vivent les habitants, on comprend l'importance du rôle de ce pêcheur fournisseur des étangs sacrés.Oui mais voilà, les chemins qui mènent aux coins à carpes sont souvent périlleux et que dire des retours lorsqu'il faut à tout prix maintenir en équilibre sur ses épaules la perche qui soutient les paniers en osier débordant d'eau et des carpes dodues et frétillantes...
A la mort de son mari, Miyuki relève le défi d'amener les dernières carpes pêchées par Katsuro au directeur du Bureau des Jardins et des Étangs. Un acte courageux d'amour pur, réalisé pour honorer la mémoire de celui qu'elle aimait passionnément. Ce voyage de plusieurs centaines de kilomètres se révélera pour le moins périlleux pour Miyuki qui n'est jamais sortie de son village. Elle se laissera guider par les souvenirs des récits de son mari qui l'accompagnera constamment en pensées et en rêves. Ce livre est un merveilleux voyage en plein cœur du Japon médiéval shintoïste, rempli d'odeurs, de couleurs et de croyances. Je vous conseille vivement ce récit poétique et très sensuel qui s'apparente à un conte à la fois merveilleux et cruel et qui est une magnifique déclaration d'amour. Une lecture captivante et totalement dépaysante.