Arturo Perez-Reverte admire Dumas, on le savait déjà, puisqu'il y a consacré un roman (Le club Dumas), on sait aussi qu'il aime l'escrime (Le maître d'escrime), et les romans historiques se déroulant en Espagne (Le maître d'escrime, Le Hussard). De là à nous écrire un "trois mousquetaires" à l'espagnole, il n'y avait qu'un pas, qu'il franchit allégrement. Il va même jusqu'à lui emprunter un personnage, Buckingham, qui n'était que marquis à l'époque (l'histoire précédent de quelques années celles de Dumas), dont il annonce qu'il mourra assassiné par Felton, scène racontée par Dumas. Notre saga Alatriste comporte en outre son Richelieu, son Rochefort, et sa Milady. La saga commence d'ailleurs par Alatriste épargnant Buckingham alors qu'il avait été payé pour le tuer, acte entraînant pour lui une série de complications.
Pour autant, Alatriste n'est pas D'Artagnan. Si la fierté et la droiture d'un castillan n'a sans doute rien à envier à celle d'un gascon, Alatriste est plus ténébreux. Il est déjà un homme mûr, soldat aguerri engagé à l'age de treize ans, vétéran de multiples campagnes. Quand il ne fait pas la guerre, il vit de sa lame.
Le narrateur est au début de la série un adolescent, fils d'un compagnon d'armes d'Alatriste tombé en Flandres, dont il accepte la tutelle. La description de l'Espagne du XVIIe siècle, en déclin manifeste mais encore la nation la plus puissante du monde est passionnante tout autant que rare pour nous français. Cette description dans ce premier épisode met en place les personnages et le contexte de la série, ce qui restreint un peu la place accordée à l'action, mais cela ne m'a pas semblé gênant.