Amis de la littérature pure, vous aurez trouvé votre Graal. Les autres, vous resterez surement très frustrés de ce Roman.
Théophile Gautier, ce romantique pur et dur signe ici l'apothéose de son style très difficile d'accès pour le commun des lecteurs. Non que le livre soit particulièrement compliqué, mais Gautier laisse ici libre court à son petit plaisir, son gout pour la description. Ce sont ainsi des pages et des pages de descriptions interminables qui s’enchaînent, du tour du château qui dure tout un chapitre à la succession de salles visitées par Isabelle vers la fin du roman, le lecteur pressé d'aujourd'hui n'y trouvera pas son plaisir.
L'écriture est magnifique, c'est même de la poésie à de nombreux moment, mais la frustration de ne pas voir l'histoire avancer au cours de ce long roman reste tout de même fort présente. Au final c'est une histoire très brève et assez superficielle qui se joue sur plus de 600 pages, presque sous forme de conte tant la force moralisatrice des dernières pages est évidente.
Cependant, ce serait passer à coté de l’œuvre que de la juger sévèrement sur ces points là. En remplaçant l’œuvre dans son contexte et en élargissant un peu ses horizons, c'est une œuvre qui se suffit à elle même, qui à vocation a magnifier la beauté de la littérature et de la langue française. C'est ce qu'on appelle le mouvement Parnassien, ayant pour crédo "l'art pour l'art" et dans ce domaine, Gautier fait office de figure de proue du mouvement. Seule la beauté du texte compte, et non ce qu'il raconte.
Tenir jusqu'à la fin du livre relève d'une force mentale et poétique qu'on est fier d'avoir eu si on le termine.
A déconseiller aux lecteurs pressés donc, mais une incontournable ode à la littérature, à l'art et à la poésie.
Aqquar