Ce qui me frappe avec ce bouquin, c'est combien il semble entre deux univers littéraires. Le 19è, de par son ambition de dépeindre un personnage dans toute l'étendue de ses conditions de vie, de par son ampleur... Et le 20è, de par sa forme réflexive (cette interrogation sur la biographie / la fiction), sans parler de sa nature fondamentalement autofictionelle. On nous parle de choses du monde d'avant-hier (la colonisation, le communisme) ou d'hier (la psychanalyse, l'inégalité hommes-femmes - à ce point-là, en tout cas...) et pourtant la distance ne se fait pas sentir, parce que l'expérience transmise est assez intelligemment communiquée pour qu'on s'y retrouve. Malgré toutes ces grandes qualités, si je suis honnête, je me suis très souvent épouvantablement ennuyé. Pourquoi ? La faute à cet entre-deux : trop d'étendue pour un roman de l'intime ; pas assez de matière romanesque pour le roman total dont on sent la nostalgie. Et trop, beaucoup trop de psychologie, à la mode névrotique et petite-bourgeoise. À reprendre plus tard ? C'est tout de même un livre qui restera.