Einstein avait deux fils : Hans-Albert et Eduard. Ce dernier était schizophrène et partageait sa vie entre le domicile de sa mère et l’hôpital psychiatrique où elle était obligée de l’interner régulièrement. Les parents Einstein étaient divorcés et le grand physicien s’est expatrié en Amérique pour échapper à la chasse aux Juifs des années 30. Il n’en est jamais revenu.
Les chapitres alternent entre le point de vue d’Einstein, celui de son fils et celui de la mère. Ceux concernant le fils sont écrits à la première personne. Tout le récit tourne autour de l’appréhension de cette maladie mentale : comment le malade la vit, comment chacun de ses parents la vit, avec quelques parenthèses sur la vie du frère aîné qu’Eduard admire et aime malgré son indifférence.
On pourrait s’attendre à un récit fastidieux ou au moins très sérieux. En fait cela se lit aussi facilement qu’un roman. L’enchaînement de chapitres assez courts avec alternance des points de vue rend la lecture dynamique. Il est déroutant de constater qu’un cerveau comme celui d’Einstein est resté sans voix devant ce fils hors du commun, sans savoir comment vivre cette situation et on se demande même si, quand il a fui Berlin, il ne fuyait pas autant ce fils que le nazisme.