Qu'est-ce qui justifie le retour des Malaussène, bien des années plus tard ? Un coup marketing ? Une pression éditoriale qui ne s'est jamais relâchée ? Ou une envie de l'auteur, simplement, ce qui n'est absolument pas répréhensible par la loi ? Peu importe, finalement, ces nouvelles aventures de la tribu se présentent sous la forme d'un diptyque dont on est tout de même curieux de connaître la trame. Les souvenirs de la saga initiale sont loin et la première impression, celle des retrouvailles avec des personnages autrefois familiers, est accablante : comment s'y retrouver dans cette profusion de protagonistes ? Un choix s'impose : soit se référer à chaque page à l'index qui figure en fin d'ouvrage, soit passer outre et se concentrer plutôt sur l'intrigue, laquelle n'est évidemment pas une mais multiple. Que dire des histoires que nous raconte Pennac ? Qu'elles sont amusantes et biscornues et qu'elles ont parfois tendance à trop creuser dans une singularité loufoque. C'est la marque de fabrique de l'auteur, il y aura toujours ceux qui adoreront et ceux qui détesteront. Le cas Malaussène s'en prend à quelques maux de l'époque : le capitalisme et ses dérives, la littérature voyeuriste de la "vérité vraie", les réseaux sociaux et leur attitude de Big Brother. Entre autres. Le vieux fond libertaire est toujours là mais narquois et pas si méchant que cela. C'est feuilletonesque, assaisonné de jolies trouvailles de langage et parfois usant par cette volonté d'en rajouter dans le cocasse. Pas de quoi crier haro sur le Pennac, fidèle à lui-même, en somme, mais rien non plus n'incite à hurler au génie. Le livre se termine entre deux épisodes, sans dénouement réel, à mi-gué. Si ce n'est pas une incitation déloyale à lire la suite prochaine, cela y ressemble fort !