De la littérature télévisuelle, ce qui n'est pas très flatteur

On parle souvent de l'influence de la littérature sur le cinéma. Les adaptations ratées de livres cultes, les déconstructions narratives empruntées à tel écrivain novateur, etc. Mais il existe aussi une nouvelle race de scénariste qui se lancent dans la littérature avec pour toute inspiration leurs films et séries préférées. Le Casse du continuum en fait partie, même s'il faut ajouter la littérature de science fiction contemporaine au registre des sources de ce livre.

Franchement, je suis très déçu. Si j'ai acheté ce livre, c'est grâce au bandeau qui allait avec, sur lequel il y avait une citation flatteuse d'Alain Damasio. Il parlait de "classe" pour cette histoire et je ne peux qu'être en désaccord avec le maître sur ce point.

L'histoire est découpée en trois parties, elles-mêmes subdivisées en chapitres très mécaniquement découpés. Chaque chapitre porte le nom du personnage duquel il parle. On se croirait sur le plan de travail de l'écrivain, confronté aux notes qu'il a accumulées avant de se mettre à écrire vraiment son roman.

Ce qui marche dans le domaine du divertissement pop-corn à la Ocean eleven ne fonctionne pas en littérature. Ou du moins ne réussit qu'à offrir un spectacle bref, coloré mais creux, qui ne permet à aucun moment au lecteur de s'identifier aux personnages. Certains personnages sont de grosses caricatures mal dégrossies (Vostock, la tueuse en colère) sans aucun arrière pays...

Il est vraiment dommage que les éditeurs et les écrivains de science fiction acceptent de publier des textes comme celui-ci. Prenez exemple sur Damasio (qui a compris depuis longtemps et l'a prouvé) qu'il fallait habiller de chair de souvenirs de pensées de folie de quotidien ses personnages! L'histoire de ce casse aurait pu être intéressante, mais même ses rebondissements finaux sont brutaux, grossiers, rendus cassants par le manque de temps étiré, d'espace de lecture disponible qui mettrait en perspective ces péripéties.