Le Cerf-volant d'or (écrit par Dezsö Kosztolanyi, l'un des principaux romanciers de l'entre-deux-guerres hongrois ; le titre original, Aranysárkány, peut aussi se traduire par le Dragon d'or) raconte, si l'on veut, l'histoire d'un professeur de mathématiques auquel la vie échappe. Le Cerf-volant d'or m'a laissé une impression de lecture assez positive, mais sans véritable profondeur ; quelques jolis passages sur les beautés de la nature printanière qui sert de décor au drame humain ; de belles observations sur le monde de l'école, qui réjouiront les grands scolaires qu'ont été beaucoup de lecteurs durables (même s'ils ne sont pas forcément les plus originaux).
Par ailleurs, si le reste ne m'a pas forcément transcendé (sans pour autant m'ennuyer), je tire du Cerf-volant d'or une idée originale de composition : le livre, un peu à la manière d'un procedural américain, détourne pendant une bonne partie de sa durée l'attention du lecteur, qui s'attend à ce que le récit prenne pour point focal la vie de certains des élèves (il est vrai que sortir de la lecture du Désarroi de l'élève Törless m'aura peut-être influencé en ce sens). Les premières scènes leur sont consacrées, et même les linéaments d'une intrigue. Plus tard dans le récit, quand sa mécanique propre est lancée (qui amènera à la chute du professeur) celle-ci semble arriver en quelque sorte par accident, comme en un défi à la fameuse question de Maupassant (“Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident ?”). Peut-être suis-je sur ce point trop “constructif” dans mon interprétation, mais j'ai trouvé intéressant ce “faux-départ” de l'intrigue.