« Ils m’ont fait une drôle d’impression, mais… » Violet ne termina pas sa phrase, le front soucieux.
« C’est comme s’ils étaient habillés d’un mensonge qui ne leur va pas. » Trista s’efforça de se mettre les idées en ordre. « Ils l’ont mal boutonné, alors il est trop ample par endroits et il ne tient pas à d’autres. »
Nous sommes dans les années 20 en Angleterre. À Ellchester, petite bourgade où vit la famille Crescent. Papa est un architecte célèbre, maman veille sur ses filles. Depuis la mort du fils aîné à la guerre, elle les couve de trop près, surtout l’aînée. Cette dernière se réveille justement avec une étrange sensation…
Une première rencontre avec la plume de Frances Hardinge, ça se fête ! Publiée carrément chez l’Atalante et dans la collection La dentelle du cygne, son roman fait partie des très rares pouvant être lus à différents âges : dès 11-12 ans, la proximité en âge avec les héroïnes principales permet une identification qui fonctionne vraiment bien et les adultes se laissent charmer par un univers très cohérent et immensément dépaysant. L’intrigue elle-même est à deux niveaux de perception et l’on ne manque pas d’être troublé par les transpositions pas toujours si évidentes. Récit d’une émancipation autant que construction habile autour des des notions de réalité, « Le chant du coucou » happe son lecteur dès les premières pages et ne cesse ensuite de le surprendre en empruntant des chemins inattendus. On est immergé dans l’Imaginaire avec un grand « I », dans un joli mélange des genres et des références. Loin de se résumer à un univers Burtonien (Tim de son prénom), Frances Hardinge crée ses propres couleurs et à mon goût elles sont infiniment plus nuancées. Une plume qui m’a séduite et que je compte explorer plus avant.