Le Chardonneret, c'est l'unique tableau en circulation du peintre flamand Carel Fabritius mort dans l'explosion de la poudrière de Delft. Un oiseau minuscule, à la patte enchaînée. Impossible de voler. Impossible de mourir. Voilà qui pourrait être la source du roman de 800 pages Dona Tartt. Théo, 13 ans, perd sa mère dans l'explosion du Metropolitan à New York.Et à la demande d'un homme en train de mourir, et qui sait que les pilleurs vont profiter de l'instant, Théo va prendre avec lui le tout petit tableau de Fabritius.Et il va être incapable de le restituer. Par peur et puis par fascination. Recueilli par une riche famille new-yorkaise puis emmené à Las Vegas par son père alcoolique repenti et accro aux paris et aux jeux. Il y rencontre Boris moitié fou,moitié voyou, moitié ukrainien et vivra avec lui une adolescence abandonnée des adultes entre drogues, alcools ,repas volés ou pris à la hâte et qui forge dans ce contexte une amitié indéfectible. Théo développe une obsession pour le tableau, amoureux de sa beauté et de sa grâce, une obsession qui, à l'âge adulte, le conduira jusqu'à Amsterdam aux confins de la folie, de la peur et de la maladie.
Ce roman est si dense qu'on peut difficilement le résumer. Mais j'ai été prise au piège d'une écriture quasi-hypnotique, colorée,charnelle, vivante. Récit du passage de l'enfance à l'âge adulte, récit d'un enchaînement à l'image du chardonneret. "Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit" a dit Balzac dans La Peau de Chagrin.