Avant de commencer cette critique, je tiens à préciser que cette dernière a été rédigée à l'aide de cette émission.
Le chef d'oeuvre inconnu est très certainement l'une des nouvelles de Balzac les plus connues. Elle inspirera d'ailleurs Jacques Rivette pour son film La Belle Noiseuse.
Le point de départ de la nouvelle est très simple : le jeune Nicolas Poussin, encore inconnu, décide de rendre visite au peintre Porbus dans son atelier, où il rencontre le maître de ce dernier, Frenhofer, qui leur donne par la même occasion une leçon de peinture.
En seulement 40 pages, Balzac propose une véritable réflexion sur l'art. A travers les longs monologues de Frenhofer, il interroge le lecteur sur les problématiques suivantes, omniprésentes dans toute l'oeuvre : Comment insuffler à l'art le mouvement de la vie ? Qu'est ce que la peinture doit (et ne doit pas) représenter ?
Frenhofer commence par dispenser à ses deux élèves une première leçon. La peinture ne doit pas imiter la Nature. Loin d'être une copie, un tableau doit toujours viser à exprimer la nature qu'il éprouve, et non celle qu'il remarque. En bref, une peinture n'est pas une simple description, mais une restitution du mouvement de la vie.
Cette restitution s'effectue grâce aux derniers coups de pinceaux qui restituent l'homogénéité du tableau. Il s'agit ici de rétablir une unité de ton, de faire en sorte que les différentes parties de la toile forment un tout, ne se découpent pas les unes des autres; afin de rendre vivante l'atmosphère de l'oeuvre.
Mais loin de maîtriser son art, le vieux Frenhofer est incapable de terminer son propre tableau, un portrait de Catherine Lescault sur lequel il travaille depuis 10 ans. La deuxième partie de la nouvelle s'attache ainsi à décrire non seulement les tourments du peintre, mais aussi ceux de Poussin, qui propose sa maîtresse, Gillette, en tant que modèle de comparaison, et dont la beauté est telle que Frenhofer parvient enfin à finir son oeuvre.
Mais à trop vouloir perfectionner son trait, le maître, loin de rétablir une quelconque unité de ton, a détruit son tableau. En découvrant La Belle Noiseuse, Porbus et Poussin, déçus, déclarent qu'il "n'y a rien", si ce n'est un pied, magnifique. Frenhofer, fou de désespoir, mettra le feu à son atelier le lendemain.
La chute de la nouvelle peut alors prendre deux sens : Frenhofer emporte-t-il avec lui l'amas de couleur ou le pied de la peinture ? Dans ce cas, la nouvelle est-elle le récit d'un échec, ou au contraire, celui d'une réussite ?