S'il y a un personnage à retenir des récits du Vieux Royaume depuis leurs débuts sous la plume de Jean-Philippe Jaworski, c'est bien le sieur Benvenuto Gesufal.
Après l'avoir entraperçu dans le premier tome de cette trilogie, il est au cœur de ce second tome (comme le laissait clairement entendre le titre : Le Conte de l'assassin).
On suit donc Benvenuto dans ses pérégrinations depuis la cité de Ciudalia jusque dans le duché de Bromaël, où se déroule cette trilogie. Il a fort peu changé depuis les événements de Gagner la guerre, puisque le présent récit se déroule à peine un an après. C'est donc toujours la même ordure calculatrice, gouailleuse, méchante, roublarde et dangereuse que l'on connait, et qu'on adore détester.
Ce second tome joue beaucoup sur la temporalité du récit. Plus qu'une suite directe du premier tome, c'est davantage un nouveau point de vue sur les événements qui nous est offert. Le Conte de l'assassin débute en effet plus tôt par rapport au premier tome, nous montrant les jours ayant précédés le grand tournoi qui en marquait l'acte final, et va même un peu au-delà en nous montrant les jours suivants le dit tournoi.
Et comme le point de vue nous vient d'un Benvenuto qui se trouve dans le camp opposé à celui du chevalier aux Épines, tout le récit (y compris les parties qui nous sont connues via le tome un) nous apparaît sous un nouveau jour. On a donc le plaisir de revoir certains scènes, ou d'en réévaluer la portée à l'aune de ces nouvelles informations, tout en en découvrant de nouvelles, avec leur cortège de nouveaux personnages (ou de vieilles connaissances).
La qualité d'écriture étant toujours au rendez-vous, la gouaille de Benvenuto réhausse toujours ce récit d'un vernis argotique et fort peu chevaleresque. Benvenuto est une saloperie, et ne rate jamais une occasion de le rappeler au lecteur. Il est toujours aussi malmené par le destin, passant alternativement de moments de chance inouïe à ceux, tout aussi nombreux, de guigne pathologique.
La situation du duché de Bromaël, qu'on sentait compliquée à la lecture du premier tome, semble aussi précaire qu'attendu, et le troisième tome promet son lot de très mauvaises surprises pour tous les protagonistes de ce panier de crabes.
J'ai très, très hâte.