C'est très déçu que je referme ce roman. Par bien des aspects, la lecture est nettement plus agréable que celle du 1er tome, mais il n'apporte à peu près rien à cette trilogie, trilogie dont je peine encore grandement à comprendre ce qu'elle raconte.
Premier écueil : ce n'est pas une suite directe du très verbeux et très lent Tournoi des Preux. C'est une revisite des événements de ce dernier sous un nouveau point de vu, celui de Benvenuto Gesufal. Si c'est avec beaucoup d'anticipation et de plaisir que l'on retrouve le héros de Gagner le guerre, il est difficile de ne pas soupirer en comprenant que l'on va nous retartiner tout le déroulé du 1er tome. Savoir comment Benvenuto s'est retrouvé propulsé dans cette intrigue n'a pas d'intérêt, ce n'était absolument pas nécessaire.
Second écueil : où est l'aventure ? C'est mou, il ne se passe pas grand chose, Benvenuto est promené comme une valise d'un point A à un point B, sans prise de décision, sans action, sans enjeux particuliers (personnels, du moins). Il faut attendre les 100 dernières pages du roman pour que Benvenuto, enfin, fasse preuve d'initiative. Et là encore ça déçoit, c'est rapide, peu impressionnant, peu scénique, à des années lumières du final (et de l'entièreté, à vrai dire), de Gagner la guerre. Il y a dans Le chevalier aux épines, décidément, un grave problème de rythme et de suspense.
Troisième écueil : Jaworski nous parle (encore) en long en large et en travers de la géographie des Vieux Royaumes, de ses villes, de ses fleuves et rivières, etc. Le problème est que sans carte on n'y pige que dalle. Notre vision n'est que très parcellaire. On resitue certains lieux les uns par rapport aux autres, mais la plupart d'entre eux (qui ne sont souvent que cités, ou à peine traversés par les protagonistes) sont aussi précis dans ma tête que le Luxembourg dans celle d'un Américain.
Quatrième écueil : pourquoi serions nous investis dans cette histoire ? Il n'y a toujours aucune raison à cela, je n'ai d'ailleurs aucune idée de ce à quoi m'attendre dans le 3ème tome, tant je ne sais pas ce que Le chevalier aux épines raconte. Le périple d'un chevalier pour laver son nom ? Non. Les aventures d'un assassin sans foi ni loi en période de crise ? Non plus.
Reste que l'on retrouve la personnalité de Benvenuto, bien loin de la froideur de ton du 1er tome, et que ce talent avec les mots fait par moment presque oublier tous ces défauts (et il y en a d'autres). Si le 1er tome n'existait pas, j'aurais probablement bien plus apprécié celui-ci. Jaworski donne l'impression qu'il se laisse glisser depuis une dizaine d'années sur le succès de Gagner la guerre, incapable de reproduire l'exploit (en dehors de très bons recueils de nouvelles). On s'est fait truander.