Sans raconter l'histoire, ça partait quand même très très mal : l'intro est celle d'un mauvais film de super héros : deux antagonistes sont dans la merde jusqu'au cou et se demandent comment ils en sont arrivés là, ce qui leur permet d'amorcer l'aventure. Vu, revu, et archi revu.
D'emblée, j'ai ressenti un terrible aveu de faiblesse : un besoin de dramatiser les enjeux de la trilogie car le premier livre ne serait pas parvenu à le faire en 500 pages... Honnêtement, je pense que c'était superflu car le potentiel apocalyptique de certains évènements décrits dans le premier livre était clairement énoncé. Donc c'est une répétition pas très pertinente, qui fait penser à un mauvais Marvel, et ça n'est malheureusement pas le seul point commun qu'on peut relever en ce sens, puisque le personnage principal enchaine les cagades et les moments de honte tout le long du bouquin, où toutes les situations sont systématiquement désamorcées ou tournées en dérision.
Enfin... passons, et on va attendre le chapitre suivant pour avoir le début réel du roman. Vu le titre et le synopsis, je ne révèlerai rien en disant qu'il s'agit de Benvenuto à la narration. Et là où on aurait aimé que le roman commence pile poil à la fin du précédent, en plein milieu de l'action, quitte à avoir quelques petits flashbacks au cours du récit, on va avoir un redémarrage de l'histoire.
Oui, de zéro. Je tire encore la tronche, mais c'est pas grave, je suis bon public!
Et j'ai bien fait ! Une vingtaine de page plus tard, je suis heureux, plein d'espérances : Cesarino, Dilettino et Benvenuto sont sur un bateau, un trésor de 400 000 florins dans la cale et une Clarissima revancharde qui les attend au port. Ma foi, y a de quoi faire une histoire "bis" particulièrement bien assaisonnée! Je me dis là: "Oh Jean-Philippe Jaworski va me subjuguer, il va relever le défi de nous faire une histoire extraordinaire alors que tous les enjeux ont déjà été posés dans le premier roman!"
Eh ben non. Rien. Le néant.
A ce stade, je récapitule :
1- On a droit à l'intro d'un mauvais Marvel,
2- L'auteur refuse un passage de relais direct dans l'action qui aurait pu dynamiser le récit
3- L'auteur ne relève pas le gant de la création d'une deuxième aventure
Qu'avons-nous alors, s'il n'y a pas de deuxième aventure ? On a un récit de voyage et un résumé des évènements du premier volume qui prend les deux tiers du livre. Oui. Plus de 300 pages de rien du tout, de descriptions froides, de rencontres aux enjeux limités et de répétitions des évènements du tournois. Et après? On a l'aventure un peu faiblarde et sans grande ambition d'un Benvenuto après la fin des évènements du premier livre. Mais sans plus.
A ce moment là, je me permets d'extraire une citation du roman :
"Quand on sert une carpe alors que le client voulait du lapin, on essuie des réclamations à n'en plus finir."
Toute ma critique résumée en une phrase.
Mon point de vue sur la trilogie en cours? Eh ben on voit se dessiner une oeuvre d'à peu près 1500 pages, soit peu ou prou celle du Seigneur des anneaux. 1000 pages sont déjà passées et, pour moi, il ne s'est rien passé. Enfin, trop peu d'évènements pour autant de feuillets et d'encre dépensés.
Honnêtement, à 28 € le bouquin, ça fait un peu cher pour ce que c'est, et je pense que ça serait bien que Jean-Philippe Jaworski sorte moins de livres. En tant que lecteur, je trouve que c'est pas top, et qu'il n'y a que les Moutons Electriques qui doivent applaudir. J'ai l'impression que la production et le chiffre d'affaire ont été priorisés par rapport à la valeur artistique, et la création littéraire.
Et je finirai ainsi : Si je suis certain que dans vingt ans on s'émerveillera encore devant Gagner la guerre ou les Rois du Monde, je me pose la question : qui se souviendra du Chevalier aux épines?