Histoire curieuse d'un chevalier qui n'existe pas. Nous sommes au moyen-âge, sous le règne de l'empereur Charlemagne. Dans l'armée de ce dernier, on trouve un officier formaliste, tatillon à l'extrême et sans aucun humour... C'est un chevalier qui a une armure parfaite, blanche immaculée. Son seul problème, c'est qu'il n'y a personne derrière la visière. C'est seulement une armure vide qui parle, combat, fait la morale à tout le monde, même à l'empereur. En un mot, il est "chiant à mourir".
A travers ce court roman, on entrevoie toute l'humanité d'Italo Calvino qui décrit avec humour des personnages bizarres mais attachants. On a donc
un chevalier inexistant nommé Agilulfe; un jeune homme ingénu, Raimbaut, venu dans l'armée de l'empereur à la barbe fleurie pour venger son père; une chevalière, Bradamante, qui ne se laisse pas conter par les autres chevaliers, sauf par Agilulfe; un pauvre ère dénué de conscience, Gourdoulou, devenu écuyer du chevalier inexistant...
Le chevalier inexistant constitue avec Le vicomte pourfendu et Le baron perché, une trilogie intitulée Nos ancêtres. Ces trois courts comtes présentent une sorte d'arbre généalogique de l'homme contemporain qu'Italo Calvino décrit dans la préface de l'édition italienne comme étant "divisé, mutilé, incomplet, hostile à soi-même".
Pour Italo Calvino, Le chevalier inexistant n'est pas une parodie des chansons de geste du Moyen-Age. En fait, il joue avec le Moyen-Age pour donner naissance à des héros ayant chacun une quête individuelle à accomplir. Derrière l'aspect burlesque du comte, Italo Calvino nous fait réfléchir sur l'homme contemporain qui ne peut être parfait. S'il se donne un idéal, ce dernier peut être un leurre, comme l'armure vide d'Agilulfe.
C'est ce que comprend soeur Théodora, la narratrice, qui est en fait Bradamante. Elle expédie la fin de son histoire en quatrième vitesse, pour rejoindre Raimbaut qui a hérité de l'armure du chevalier inexistant. Car l'essentiel est de vivre sa vie et de ne pas poursuivre des chimères.