Il y a des histoires qui tombent au bon moment, qui arrivent lorsqu'on a besoin d'elles, qui parviennent à utiliser ce qui est dans l'esprit du public qu'elles touchent pour transcender une histoire. "Le seigneur des anneaux" et sa fantasy maîtrisée, "Silence of the lambs" et ses serial killers aux motivations tordues ou encore "2001, A space odyssey" et sa hard fiction hyper réaliste.
Et puis, il y a des histoires qui ne parviennent pas à développer quelque chose sous un nouvel angle, avec maîtrise et subtilité. Ça donne "Seven", "Matrix" ou ici "Le chuchoteur". Parce que ce gentil bouquin, d'un type expert dans son sujet (ce qui n'en fait pas un bon écrivain qui, il est important de le rappeler, doit savoir écrire avant de connaître les procédures médicales), n'est rien d'autre qu'une énième histoire de tueur qui emberlificote ses poursuivants dans une série de pièges. Le tout pour leur faire comprendre... rien de particulier, ou alors je suis passé à côté...
Comme d'habitude, il s'agit d'un tueur qui aime tuer (en l'occurrence faire tuer, parce que c'est encore pire, ça pourrait nous arriver à tous... tremble lecteur !) et qui prend des gens à témoin dans un plan tordu qui ne se dévoilera que trente pages avant la fin du bouquin. La mise en scène est banale, de l'ordre de ce qu'on a déjà vu des dizaines de fois ailleurs (romans, séries, films compris), les mises en situation ressemblent à un catalogue d'horreurs à la fois grotesques et surchargées et on se demande parfois si on est vraiment dans un roman d'enquête ou dans un roman d'horreur.
Alors du thriller, il n'en reste pas moins l'utilisation intelligente des points de vues, le rythme bien amené ou encore la caractérisation des personnages qui reste intéressante sans être particulièrement subtile. Mais c'est bien maigre pour un bon roman. Sans pour autant être pénible à lire, il n'en reste pas moins un catalogue de ce que l'on peut observer dans toute histoire d'enquête/horreur/angoisse avec le psychopathe plus intelligent que tout le monde qui a mis en place ses coups quinze ans à l'avance (n'importe quoi...), la femme prête à tout pour faire échouer le tueur au risque de sa vie, les scènes gore et grandiloquentes, les retournements de situation ridicules le tout enrobé dans une une mise en scène qui encore une fois ressort des poncifs toutes les vingt pages.
Alors c'est pas mal, mais c'est quand même bien bateau. Carrisi ne parvient au bout de quatre cent pages qu'à donner le sentiment d'avoir voulu en faire trop, sans originalité, avec un maximum de détails pour nourrir d'horreur l'imagination peu fertile du lecteur.