Nous sommes en Suède vers 1900. Dans un parc mal éclairé, David Holm, alcoolique déchu, s'apprête à passer la nuit à la belle étoile avec ses compagnons de beuverie. Mais cette nuit n'est pas comme les autres: c'est celle de la Saint Sylvestre. A cette occasion, les ivrognes se racontent une légende selon laquelle le dernier trépassé de l'année doit conduire pendant un an le chariot de la mort. Bientôt transi de froid et presque inconscient, David sent ses dernières forces le quitter. C’est alors qu’il entend dans le lointain un sinistre grincement de charrette. Le cocher funèbre vient-il déjà pour l'emporter? Sa vie, David n’en a pas fait bon usage, il a même gaspillée et maintenant tout est fini. A moins qu’une deuxième chance ne lui soit offerte…
« Le cocher » est à la fois un chef d’œuvre du fantastique et une histoire de rédemption, dans une perspective chrétienne chère à l’auteure. Comme dans ses autres romans, Selma Lagerlöf y évoque de manière très émouvante les aspirations les plus nobles du cœur humain ; elle nous entraîne dans un monde onirique où se mêlent les légendes païennes, les forces de la nature et la grandeur divine. Pourtant, « Le cocher » occupe une place particulière dans cette œuvre : c’est un conte spectral, angoissant et plutôt cruel. En somme, le récit le plus sombre jamais écrit par Selma Lagerlöf.
Cette immense femme de lettres suédoise (1858-1940) a obtenu le prix Nobel et sa célébrité est telle qu’elle figure sur les billets de banque de son pays. En France, elle est surtout connue pour « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson », un classique de la littérature enfantine; mais ses écrits destinés aux adultes sont autrement plus riches et plus profonds. Mes préférés sont "L'empereur du Portugal", "Le banni" et "Le violon du fou", trois romans inoubliables.