Coe reprend une recette qui lui a réussi. Avec un tableau acide de la politique en Angleterre il croise une chronique familiale chargée de clichés d'une banalité dans laquelle tout le monde peut se retrouver. Cette fois, bien sûr, ce qui domine ici, c'est le Brexit. Il est contre, on a compris ; mais à force de le lire on pourrait avoir envie de voter pour Boris Johnson car on ne voit vraiment pas en quoi le contexte politique actuel influe sur le petit théâtre de personnages qui s'aiment, se quittent, se retrouvent, vieillissent et meurent comme ils auraient aussi pu bien le faire à l'époque de la reine Victoria.
L'auteur recourt à la dénonciation du racisme ordinaire et de l'homophobie pour pimenter des romances fades. Pourquoi pas ? Ce qu'il rapporte de l 'Angleterre (l'héritage d'Enoch Powell, etc.) s'avère plutôt fin et le traitement ironique est bien tourné. Mais il se prend les pieds dans le tapis en expédiant ses héros dégoûtés de la " Middle England " se réfugier à Fontaine de Vaucluse. Certes, le Luberon chic est idéal pour les résidences d'artistes, toutefois ils ne se rendent pas compte qu'ils se trouvent dans le département qui a envoyé naguère Marion Maréchal à l'Assemblée Nationale et où la Ligue du Sud a son fief. Donnons leurs le bénéfice du doute, ils viennent juste d'arriver. C'est bien gentil, mais tout ça a un petit côté gauche caviar.